«Bad Genius» de Nattawut Poonpiriya présenté à Fantasia 2017

Lynn est une jeune étudiante au talent prometteur. Cette jeune prodige se voit même offrir des bourses dans de grandes universités afin qu’elle puisse y étudier. Un jour, elle accepte d’aider ses amis lors des examens contre de grosses sommes d’argent. Rapidement, elle se fait un petit réseau et ses fonds bancaires augmentent bien vite. Or, Lynn voit ses techniques de triche basculer lorsque l’école s’aperçoit de ses tromperies. L’école lui retire alors le droit d’avoir une bourse pour aller étudier dans le plus prestigieux établissement de ses rêves. L’étudiante surdouée se jure alors de ne plus jamais tricher en échange d’argent… Jusqu’au jour où sa bonne amie lui offre une immense somme pour tricher au plus gros examen mondial, le STIC. Lynn devra faire preuve d’ingéniosité, de réflexions et elle devra aussi utiliser sa mémoire afin de contrer les surveillants de ce test.

En apparence, nous sommes loin d’un récit classique de suspense. Il n’y aucun enquêteur, le récit se déroule dans une école, avec des étudiants normaux, il n’y a aucun individu louche qui marche dans le noir et surtout, il n’y a aucun meurtre. Le spectateur s’attend à des drames de secondaire plutôt qu’à un suspense. Cependant, Bad Genius est bel et bien un film de ce genre qui réussit facilement à garder le spectateur en haleine. Les scènes de tromperie sont dignes des plus grandes scènes des films à suspense, où chaque seconde semble durer une éternité et où tout peut basculer en l’espace de quelques plans.

Les personnages font nécessairement partie des aspects très intéressants du long-métrage thaïlandais. Ils ont chacun leur personnalité, qui sont toutes très uniques, et surtout, ils ne sont ni tout blanc ni tout noir. Avec eux, nous sommes bien loin des productions (hollywoodiennes) où le personnage principal se fait aider par des gens qui n’ont aucun défaut. Même les personnages qui semblent parfaits au premier abord ne le sont pas du tout, et ce sont eux qui possèdent une fin bien tragique.

Le film ne se déroule donc pas du tout comme prévu. Il est très difficile, voire impossible de déterminer la fin du récit. Les personnages eux-mêmes sont incertains et imprévisibles. Dans certains récits, le fait qu’ils soient imprévisibles provient parfois d’un scénario plus ou moins réussi, mais dans ce cas, l’évolution des personnages se tient très bien et c’est plutôt la tournure qu’adoptent certaines vies des protagonistes qui vient surprendre le spectateur. Ils sont parfaitement bien interprétés par de jeunes acteurs qui sont à fond dans leurs rôles, et ceux-ci sont encadrés par une mise en scène de maître où plusieurs grands réalisateurs pourraient éprouver une certaine jalousie à cet égard. Les non-dits des gestes, des réactions ou encore des actions sont teintés d’un humour qui vient donner un tout autre ton au film, en plus de faire rire le spectateur à maintes reprises.

Avec Bad Genius, Nattawut Poonpiriya vient de prouver à tous qu’il est possible de réaliser un long-métrage à action palpitante fort bien réussi avec de jeunes étudiants, des gommes à effacer, ainsi qu’un examen où un décalage horaire permet à son protagoniste d’avoir le dessus sur cette grande épreuve qui semble infranchissable. Cette scène finale du deuxième long-métrage du réalisateur thaïlandais vient rivaliser facilement avec les grandes scènes de vol des films américains tels que la série de film Danny Ocean de Soderbergh.

Très certainement, c’est une des belle trouvailles de nos chers programmateurs du festival Fantasia!