LittératurePolars et romans policiers
Crédit photo : Actes Noirs
Un homme est retrouvé sans vie sur un terrain de sport à Tumba. Non loin du crime, une famille a été frappée, tailladée puis poignarder à de nombreuses reprises. Pire encore, le corps de la jeune fille a été décapité, coupé en deux et placé grotesquement dans un fauteuil devant la télévision. Josef Ek, un jeune garçon de 15 ans, est le seul survivant de cette tuerie d’une barbarie sans nom. C’est donc la Rikskrim, abréviation de Rikskriminalpolisen, et plus particulièrement l’inspecteur Joona Linna, qui vont prendre en charge le dossier. Or, à court d’indices probants, Linna fait appel à Erik Maria Bark, un ex-hypnotiseur qui va devoir un peu malgré lui renouer avec les aléas de son ancien métier dans le but d’aider la police criminelle à élucider le meurtre de la famille Ek. Hypnotiser Josef Ek sera une expérience concluante puisque les confessions du jeune homme permettront à Erik et Joona de suivre une piste foisonnante mais dangereuse: Evelyn Ek, la sœur aînée de Josef, n’était pas sur le lieu du crime lorsque sa famille a été assassinée de sang-froid. Serait-elle l’auteure du drame? Josef a-t-il dit toute la vérité aux policiers? Erik sera-t-il en mesure de mettre la main sur l’assassin et de retrouver son fils Benjamin, enlevé dans sa propre maison en pleine nuit?
L’Hypnotiseur est un polar haletant qui comporte de nombreuses similitudes avec la série Millénium et des thrillers tels que «L’Empire des loups» de Jean-Christophe Grangé ou «Hypothermie» d’Arnaldur Indridason. Cela dit, il est vrai que leurs histoires diffèrent en de nombreux points, par contre il y a néanmoins de nombreux parallèles à établir entre ces œuvres, tant au niveau de leur forme que de leur style: écriture froide et concise, chapitres courts, ambiance glauque et dérangeante, personnages mystérieux au passé sombre, suspense bien réparti, nombreux coups de théâtre et histoires racontées en parallèle. C’est surtout ce dernier point qui a permis à des auteurs comme Alexander et Alexandra Ahndoril, mais aussi Dan Brown d’emmener le lecteur là où ils le désirent, et ce, par le simple usage de prouesses stylistiques. Par contre, pour écrire un polar à succès, il ne suffit pas d’appliquer cette recette simple au premier abord; il faut être en mesure de mettre en œuvre une imagination souple et tordue et d’inventer une histoire digne de Stephen King, le grand maître de l’horreur.
Le roman L’Hypnotiseur ne comporte à peu près aucune faille probante ou dérangeante. Il est vrai, le récit est fort passionnant, d’autant plus qu’il est élargi en raison des nombreuses histoires en parallèles qui apportent informations et suspense en cours de lecture. Cependant, on retrouve une énorme coupure temporelle vers le milieu du récit qui met en suspens l’histoire en cours, afin de plonger le lecteur dans le passé d’Erik Maria Bark, et, bien que cette partie soit riche en renseignements, elle donne plutôt l’impression que l’histoire principale, mise sur pause l’instant d’une centaine de pages, se refroidie tranquillement mais sûrement, comme un café oublié sur le coin d’une table.
Somme toute, les amateurs de polars suédois ne manqueront pas de dévorer L’Hypnotiseur jusqu’à la dernière page, puisque le couple surnommé Lars Kepler semble y avoir mis tout son génie l’instant d’un roman pour mettre bas d’une œuvre sombre et efficace qui possède toutes les qualités requises pour faire l’objet d’un projet cinématographique de haut calibre.
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