MusiqueDans la peau de
Crédit photo : Poulet Neige
1. Pour commencer, peux-tu nous expliquer quel rôle tu joues chez Poulet Neige?
«Au départ, il y a 10 ans, lorsque c’était une petite maison de disque, on m’appelait «Le Wiz», car je planchais sur tout ce qui était technologies numériques. J’ai été aussi responsable de monter les deux premières listes de Noël avant de quitter temporairement Poulet Neige. Il y a trois ans, je suis revenu pour donner un coup de pouce avant le temps des fêtes à Pierre Alexandre et Barbara Finck-Beccafico. Aujourd’hui, je mets énormément de temps pour que la liste existe et, grâce à une case dans une demande de subvention, j’ai même un titre officiel: directeur des technologies!»
«Plus sérieusement, avec PA, on forme maintenant un binôme qui s’occupe de tous les volets de la mise en place de la liste de Noël: finances, comité d’écoute, mise en marché, gestion de projet avec l’équipe web, d’artistes visuels et de relation de presse, lancement, communications avec les artistes, alouette. PA s’occupe aussi de la gérance de ses projets, Barrdo et Fuudge chez Poulet Neige, tandis que les miens, Aurore et Philippe Bourg, sont indépendants. C’est pas mal ça.»
2. Pourquoi avez-vous décidé de créer la liste de Noël Poulet Neige?
«Lors des débuts de Poulet Neige, l’industrie était en pleine mutation. MusiquePlus et le Bang Bang étaient à l’agonie, et le monde commençait à moins sortir et à moins acheter d’albums. En discutant des nombreux défis pour faire découvrir nos artistes, on s’est dit que l’on devrait donner nos albums dès leur lancement.»
«La gratuité en musique étant un phénomène relativement nouveau, PA s’est dit :«Tant qu’à y être, pourquoi ne pas donner tous nos albums!» L’idée était un peu folle, voire une blague, mais on approchait de Noël et on s’est mis à délirer sur un genre de liste de Noël que l’on ferait à Poulet Neige, un obscur personnage qui prendrait éventuellement la place du vrai père Noël.»
3. La liste a pris une année sabbatique l’an dernier. Elle revient en 2018 avec plusieurs nouveautés. Explique-nous pourquoi vous avez décidé d’ajouter ces nouveaux aspects (géolocalisation, offres culturelles, etc.)
«Tout était en place l’an dernier, mais notre boîte web nous a lâchés à la fin octobre pour des raisons de santé, et il était trop tard pour trouver un plan de secours.»
«Cette année, on a appliqué sur une subvention à Musicaction. Même si la musique et le visuel changent chaque année sur notre plateforme, on ne pouvait pas leur demander de refaire le même projet. On a dû innover et trouver un mot-clé, et ça s’est arrêté sur géolocalisation.»
«De plus, chaque année, on se demande si la demande va être présente pour les téléchargements. À l’ère de la lecture en continu, on a l’impression qu’il faut innover et offrir plus que des MP3. C’est là que les offres culturelles sont apparues. C’est aussi une défaite pour inciter le monde à consommer de la culture vivante dans le vrai monde, et non pas juste sur Spotitfy et YouTube.»
4. On peut voir sur le site que vous avez reçu du financement pour cette nouvelle édition, mais que les dons sont toujours aussi importants. Qu’est-ce que ça change pour vous les dons du public?
«La subvention ne couvrant qu’une partie des dépenses du web, les dons permettent au projet de survivre en bouclant le budget web et le visuel de la liste. Tout est gratuit pour les utilisateurs et les artistes: il n’y a pas de publicité sur le site et personne n’est payé chez Poulet Neige. C’est un peu fou et je crois qu’on le fait pareil parce qu’on trouve cela important de diffuser la musique souterraine, mais j’imagine que l’année où nous arriverons dans le rouge «ben comme faut», ce sera la dernière.»
5. Après huit éditions, qu’est-ce qui te rend le plus fier lorsque tu penses à Poulet Neige et à la liste de Noël que vous avez créée?
«Bien humblement, je suis vraiment content que ce soit rendu un genre de référence pour les mélomanes et que les artistes désirent être sélectionnées. Par contre, le plus important, c’est sûrement de croire que, quelque part, j’aide à ma façon la diffusion d’artistes alternatifs, loin des cadres normatifs des radios commerciales et des musiques d’ascenseurs satellitaires.»
«Je me suis creusé fort le coco chez Poulet Neige il y a 10 ans, pour mettre au monde ce projet, et c’est impressionnant de voir que, malgré son côté ludique et absurde, une 8e édition a lieu cette année.»