LittératurePolars et romans policiers
Crédit photo : Actes Noirs
Féru de littérature, d’histoire et d’art, Olivier Barde-Cabuçon livre, avec Casanova et la femme sans visage, la première enquête du commissaire aux morts étranges. Après les excellents romans à succès Adieux à l’Empire (2006) et Détective de Freud (2010), l’auteur, établi à Lyon, a décidé de changer de cap et de se concentrer sur une littérature plus glauque, où meurtres et mystères tiennent le lecteur en haleine.
Dans cette histoire tordue, parfois cocasse, mais toujours agréable à lire, l’auteur fait bon usage de ses connaissances historiques en plongeant le lecteur dans un récit noir, dont l’action se déroule au XVIIIe siècle, alors que l’illustre et égoïste Louis XV, qui n’a aucun scrupule à délaisser les intérêts de son peuple au profit de ses petits plaisirs personnels, mène de front une monarchie qui est loin de laisser les Français indifférents.
Parallèlement à ce fond historique d’une rare précision, l’auteur instaure une série de meurtres violents et sans scrupule et une kyrielle de personnages tous plus traîtres les uns que les autres, notamment le jeune Volnay, le libertin Casanova, le comte de Saint-Germain, la marquise de Pompadour (la favorite de Louis XV), Louis XV lui-même, le père Ofag, le lieutenant Sartine, Chiara D’Ancilla (l’espionne au grand cœur), puis le moine (personnage énigmatique mais principal allié de Volnay).
Polar historique d’une grande lucidité, dont les multiples péripéties et rebondissements font écho au roman-fleuve Les trois mousquetaires d’Alexandre Dumas, et qui comporte, de plus, une intrigue amoureuse délectable ressemblant à celle des Les liaisons dangereuses de Pierre de Choderlos de Laclos, Casanova et la femme sans visage est un pur chef-d’œuvre écrit à la mode du XVIIIe siècle. Quant à l’ambiance du roman, elle ressemble de près à l’univers très sombre et glauque de Sleepy Hollow de Tim Burton ou celle de From Hell d’Albert et Allen Hugues.
Cela dit, Olivier Barde-Cabuçon offre un polar haletant et intrigant, au centre duquel se déploient bon nombre de péripéties qui prennent rapidement l’allure d’un jeu de dominos. Le tout est fort bien orchestré et magistralement bien écrit, par contre, il est parfois difficile de savoir où un personnage se retrouve dans Paris, tellement les ellipses sont parfois si soudaines. Grosso modo, Casanova et la femme sans visage est un roman passionnant qui se lit comme un charme et qui charmera, sans aucun doute, les férus de littérature savante et historique.
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de la rédaction