CinémaCritiques de films
Crédit photo : Copenhagen Film Fund
1. Parce qu’il s’agit de Lars Von Trier
Que l’on aime ou que l’on n’aime pas, le réalisateur danois demeure tout de même l’un des cinéastes les plus connus et reconnus de notre époque. Lars Von Trier est de retour avec un long métrage qui n’a qu’un simple but: choquer.
Celui qui est connu pour avoir réalisé, entre autres, Dancer in the Dark, Breaking the Waves et Dogville revient ici en force avec un scénario axé sur Jack (Matt Dillon), un tueur en série que le spectateur suit pendant douze années parsemées de meurtres. Ces corps inertes lui serviront notamment à construire sa «maison», qui lui sera utile à la toute fin du récit.
La violence est assez présente, mais on ne sombre pas dans le gore. Il ne s’agit pas ici d’une œuvre où la violence est omniprésente pendant deux heures et trente minutes. Le tout est relativement bien balancé pour ne pas écœurer – littéralement – les spectateurs. Il faut cependant mentionner que Jack s’acharne parfois sur ses victimes (qu’il le veuille, ou non), et que certaines scènes peuvent être de trop pour certains spectateurs.
2. Pour toutes les petites surprises qui parsèment l’œuvre
J’avoue que, moi-même, je ne suis pas une très grande fan de Lars Von Trier. Peu de ses œuvres m’ont vraiment touchée, mais The House That Jack Built s’amuse avec les codes cinématographiques et réussit à les déjouer, laissant parfois le spectateur assez perplexe.
En regardant le film, je me suis assez amusée à remarquer les références et les jeux entre le cinéaste et les spectateurs. La violence peut parfois être un peu étourdissante, voire de trop (on s’acharne souvent sur les victimes), mais plusieurs séquences sont tout de même très intéressantes à plusieurs niveaux.
Même si le ton de l’œuvre est assez sérieux et que celle-ci propose une réflexion sur l’art en lui-même, Von Trier s’amuse aussi à profusion. Il disperse de nombreux clins d’œil et gags qui vous feront, au moins, esquisser un sourire. Il y aura des rebondissements inattendus et il devient alors évident que le cinéaste danois s’amuse avec ses spectateurs.
3. Pour les (trop) nombreuses références
Long métrage qui se veut une réflexion sur toutes les formes de l’art et ses composantes, The House That Jack Built se devait d’intégrer plusieurs dizaines de références en tout genre. Lars Von Trier va même jusqu’à intégrer des images de ses propres films lorsque Jack parle d’art et de chef-d’œuvre.
Plusieurs ont crié à la prétention, tandis que ses fervents défenseurs ont nié les accusations portées contre lui, disant que le cinéaste ne se prenait justement pas au sérieux et qu’il avait effectué ces choix seulement pour provoquer. Bien sûr, il n’a pas que lui-même et ses œuvres en références. Des liens avec l’Église, le Paradis et l’Enfer sont présents et dominent également la fin du récit.
4. Parce que la musique est judicieusement réfléchie
«Hit the road Jack and don’t you come back / No more, no more, no more, no more, no more», chante Ray Charles. Cette chanson phare a une place de choix au coeur de la dernière production du cinéaste provocateur.
En effet, lorsqu’il fuit «l’incident 2» avec le corps de la femme qui est tiré par une corde attachée à son camion, la chanson se met à jouer. Bien sûr, certains spectateurs ont roulé les yeux devant un choix aussi prévisible (puisque le personnage principal se nomme Jack), mais plusieurs autres ont choisi d’en rire, sachant qu’il ne faut rien prendre au sérieux dans certaines séquences.
Ceci est un moment parmi tant d’autres. La musique, composée par Victor Reyes, est tout de même immersive et se prête bien au récit.
5. Tout simplement parce qu’un film sur grand écran, c’est bien mieux!
Avec l’arrivée des grands services de films ou de séries sur demande tels que Netflix et Amazon Prime, pour ne nommer que ceux-ci, certaines oeuvres de cinéastes reconnus sont achetées directement par ces plateformes, ce qui empêche ainsi une sortie en salle.
Ceci provoque bien évidemment une bien grande question: «Est-ce que les salles de cinéma vont disparaître un jour?» Personne ne le sait, car malgré tout les cinémas (indépendants ou non) demeurent relativement populaires malgré les coûts élevés d’un billet.
Il n’en demeure pas moins qu’une projection sur grand écran provoque une immersion incomparable. Le mélange du son et de l’image d’une salle de cinéma est tout simplement unique. Et le plus beau, c’est que ces belles paroles s’appliquent à n’importe quel film, que ce soit une production de Lars Von Trier, ou encore A Star is Born, le dernier hit cinématographique mettant en vedette Bradley Cooper et Lady Gaga.
Si votre coeur vous semble assez fort pour visionner quelques meurtres sans pitié (qu’il faut prendre au second degré), et parce que Von Trier travaille beaucoup son esthétique de l’image et que tout est habilement réfléchi au sein d’un plan, foncez au Cinéma du Parc ce mardi et mercredi.
Parce que visionner l’une de ses œuvres sur un écran d’ordinateur ou sur une télévision enlèverait énormément d’impact et de plaisir. Croyez-moi!
«The House That Jack Built» en 8 images
Par Copenhagen Film Fund