LittératureRomans étrangers
Crédit photo : Éditions Alto
«On ne ruse pas avec le diable. On peut parfois repousser sa venue si on a de la chance et qu’on est un peu timbré, mais au bout du compte, son œil noir vous débusquera».
Au-delà de l’histoire assez abracadabrante que nous livre Nick Cutter – nom de plume que l’auteur utilise lorsqu’il écrit de l’horreur, il faut avouer que l’objet en soi est de toute beauté: sur une couverture soyeuse, un être monstrueux, tout sourire, nous fixe intensément de ses grands yeux sombres qui brillent sur le papier. Une fois le livre ouvert, des illustrations égayent notre regard – seul bémol, il y en a bien trop peu!, nous donnant l’illusion d’entrer dans un conte des frères Grimm. Sauf qu’ici, on est bien loin d’Hensel et Gretel: on est plutôt du côté d’un western chaotique, comme si Quentin Tarantino allait à la rencontre d’Eli Roth. Ici, bien sûr, je fais allusion aux longs métrages Django et The Sacrament. Vous les avez vus, j’espère?
Ce cinquième roman de Nick Cutter (trois autres sont déjà parus sous son vrai nom) fait un peu plus de 600 pages et, soyons francs, l’histoire finit par devenir un peu longuette. C’est comme si l’auteur cherchait à maintenir en vie un suspense qui n’a plus de raison d’être. Avec une centaine de pages en moins, et la suppression entière de la septième partie, ç’aurait été un plaisir de suivre, jusqu’au bout en plus, les aventures des chasseurs de primes Micah, Ebenezer et Minerva, qui vont passer un méchant mauvais quart d’heure à Little Heaven. Cela dit, Cutter a l’imagination fertile, car imaginer un récit fantastique, avec des scènes gore et des monstres kidnappeurs, disons que les chances étaient fortes pour que ce soit plus risible que terrifiant.
Parlant de risible, Nick Cutter est plutôt doué pour pimenter son récit d’une touche d’humour subtil, avec des dialogues parfois punchés qui font sourire:
«J’ai besoin d’un médecin se plaignit le type
Vous avez plutôt besoin d’un embaumeur, répondit l’Anglais.»
… et des mots inventés pour montrer qu’il a de la suite dans les idées et qu’il sait détendre une atmosphère:
«Il agrippa le verre avec sa main enscorpionnée et le porta à sa bouche».
Pour ceux qui n’ont pas tout à fait saisi l’image, l’un des personnages, à un moment du récit, se fait solidement piquer par un… scorpion, et il continue de boire son verre en même temps que le venin fait son effet dans son corps!
Si vous voulez tout savoir, Troupe 52 est de loin meilleur et plus gore encore que celui-ci où, malheureusement, même l’axe central du récit devient prévisible plus il approche. Pour ceux qui s’intéressent aux origines du mal et aux perversités humaines, je vous suggère de visionner The Sacrament sur Netflix dans le confort de votre salon, vous allez ca-po-ter.
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de la rédaction