Le sens de la communauté au 36e Festival en chanson de Petite-Vallée – Bible urbaine

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Le sens de la communauté au 36e Festival en chanson de Petite-Vallée

Le sens de la communauté au 36e Festival en chanson de Petite-Vallée

Ceci n’est pas une critique de shows

Publié le 4 juillet 2018 par Michelle Paquet

Crédit photo : André Bujold (À la une: Louis-Jean Cormier et Marie-Pierre Arthur)

J’ai eu du mal à me décider à écrire ces lignes dans la canicule montréalaise. Faut dire que j'ai commencé ce texte en regardant les vagues chatouiller les galets en direct du patio arrière chez Aline. Une dame très sympathique qui prêtait sa maison à quelques journalistes pendant le festival et l’une des nombreuses personnes ayant rendu mon passage au Festival en chanson de Petite-Vallée des plus mémorables. Maintenant que c’est le souffle de mon ventilateur qui me rafraîchit la nuque et non plus celui du vent du large, retour sur mon (trop) court passage en Gaspésie pour la 36e édition du Festival en chanson de Petite-Vallée.

Il était 6h45, un jeudi matin, même pas encore parti de Montréal, les deux yeux encore brouillés de sommeil, et déjà l’esprit de Petite-Vallée se faisait sentir dans la van qui transportait cinq journalistes vers le village gaspésien. À bord du véhicule, deux vétérans du festival, un bénévole et un journaliste nous racontaient des histoires de toutes sortes: du touriste français qui voulait transporter du homard dans ses bagages aux guerres de clocher des villages environnants, en passant par des anecdotes de partys et de coups de foudre. Même si le corps se promenait sur la 20, la tête elle était déjà en train de se promener au Théâtre de la Vieille Forge.

Malheureusement, l’incendie qui a ravagé la salle mythique en août dernier nous empêchera de visiter les lieux. On ne s’y promènera qu’à travers les souvenirs de tous ceux rencontrés pendant les trois jours de notre visite. Le spectre de l’incendie planait bien entendu sur les activités de cette 36e édition, mais partout ce sont des gens souriants et positifs qui nous ont accueillis. Les installations temporaires qui remplaçaient le théâtre étaient d’ailleurs très modernes et ont de loin dépassé mes attentes.

L’un des moments les plus attendus du festival pour les Gaspésiens est aussi le premier spectacle auquel j’ai assisté sur place. Les enfants de la Petite École en chanson rendaient un hommage aux deux artistes passeurs de cette année en interprétant des chansons de leur répertoire. C’est un véritable mur d’enfants, près de trois-cents, qui ont entonné les succès de Louis-Jean Cormier et de Marie-Pierre Arthur devant une salle pleine à craquer, de festivaliers oui, mais surtout de familles et d’amis venus encourager cette prochaine génération de mélomanes et d’artistes.

L’édition 2018 du festival en est une de reconstruction, de renouveau et de résilience. C’était donc avec beaucoup d’émotions que les deux artistes se sont adressés à la foule pour remercier le festival, ses participants et ses organisateurs, de les recevoir. Je vais l’avouer, même si l’envie d’aller voir une chorale n’y était pas trop après près de douze heures de route et un souper attrapé sur le pouce, j’ai moi aussi eu un petit frisson quand les enfants ont repris «All Right» de Marie-Pierre. À entendre les gens autour, les yeux brillants, s’exclamer et crier pour encourager une soeur, un frère, un.e cousin.e, un.e voisin.e, je n’ai pu que mettre de côté mes réserves.

Crédit: Rose Boulanger Labarre

Ce qui m’a le plus marqué de mon passage à Petite-Vallée, ce sont les jeunes. Les plus jeunes de la chorale oui, mais aussi les ados et les nouveaux vingtenaires. Devant la scène à danser, au bar à se raconter les highlights du show de la veille, en train de partager une bouteille dehors sur les galets, ils étaient bien présents et c’est en quelque sorte pour eux le Festival en chanson de Petite-Vallée.

Un phénomène comme Hubert Lenoir, qui se fout de ce que les gens peuvent bien spéculer sur son genre, son orientation, ou sa vie en général, c’est magnifique à voir pour des jeunes gens qui se sentent parfois enfermés dans de vieilles conventions. On pourrait dire la même chose de Klô Pelgag et de Philippe Brach. Ce sont des artistes qui ont fait les choses à leur manière, qui réussissent bien et qui sont reconnus pour leur travail à travers la province (et même le monde dans le cas de Klô). Pas si mal pour une petite fille de Sainte-Anne-des-Monts et un petit gars de Chicoutimi!

De l’autre côté du spectre, on avait des artistes qui ont réussi de façon plus commerciale, comme Damien Robitaille et Yann Perreau, ainsi que le vétéran des vétérans, Jean-Pierre Ferland. Les parents et les grands-parents des jeunes dont je parlais plus tôt en ont donc aussi eu pour leur compte. Ce sont des prestations qui m’ont réconciliée avec Robitaille et Perreau, dont j’avais un peu ignoré le matériel avant, un peu parce que c’est passé sous mon radar et un peu par snobisme, je l’avoue. Le showmanship des deux gars était indéniable, l’«Homme autonome» de Damien m’aura d’ailleurs mis le sourire aux lèvres pour le reste de la soirée. De son côté Yann m’aura rappelé que sa musique peut faire danser des salles au complet et que sa fougue se fait encore sentir sur «La vie n’est pas qu’une salope», même treize ans après Nucléaire.

Crédit: Sarah Douvizy

Mentions spéciales à Dany Placard, qui a arrosé notre dernière soirée de shooters et de Jameson, à Émile Proulx-Cloutier, et sa grande théâtralité (merci pour les larmes d’après-midi), aux amis de Cherry Chérie, pour le 60’s dance party, et au village de Petite-Vallée, pour l’accueil extraordinaire qu’ils nous ont offert aux collègues et à moi-même.

Je me souviendrai longtemps de vos levers de soleil, de votre grande générosité, et d’ailleurs j’attends avec impatience de revenir vous voir l’an prochain.

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