GoGo Penguin avec Moon Hooch au Club Soda lors du Festival International de Jazz de Montréal 2018 – Bible urbaine

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GoGo Penguin avec Moon Hooch au Club Soda lors du Festival International de Jazz de Montréal 2018

GoGo Penguin avec Moon Hooch au Club Soda lors du Festival International de Jazz de Montréal 2018

Associations naturelles et fusion réussie

Publié le 2 juillet 2018 par Alice Côté Dupuis

Crédit photo : Mathieu Pothier

L’association était naturelle pour le Festival International de Jazz de Montréal: les deux trios réunis en plateau double sur la scène du Club Soda ce dimanche ont le vent dans les voiles, misent sur des musiciens de grand talent et abordent une forme musicale hybride et éclatée, en expérimentant en dehors des sentiers battus. Les Brooklynois Moon Hooch ont ouvert la soirée de façon fort dynamique en mettant de l’avant leurs saxophones aux sons trafiqués, tandis que les Britanniques GoGo Penguin ont clôt la soirée plus en douceur en offrant un jazz plutôt acoustique, mais loin d’être simpliste.

Un piano à queue, une contrebasse ainsi qu’une batterie: voilà tout ce donc les musiciens de GoGo Penguin ont besoin pour impressionner la galerie. Pas d’artifices, pas de jeux de lumière à tout casser, pas de grandes trames préenregistrées pour les soutenir; leur talent de musiciens seul suffit, et largement. Chris Illingworth, assis devant son piano en tournant carrément le dos au public a, dès les premières notes de la pièce d’ouverture, la très douce «Prayer», fait entendre le son très franc et authentique de son instrument, tandis que ses comparses Nick Blacka, à la contrebasse, et Rob Turner, à la batterie, n’ont pas tardé à prouver leur talent à leur tour.

C’est que chacun des membres du trio fait preuve d’une redoutable efficacité derrière son instrument respectif, et sait se démarquer à un moment ou à un autre durant les différentes pièces. Cette belle envolée de la contrebasse durant «One Percent», vivement applaudie, ou encore le dynamisme et les variations rythmées du piano sur des pièces comme la chaudement reçue «Hopopono» ou «Transient State», en finale, durant laquelle le piano s’est démarqué, sont de belles preuves de la finesse du jeu de ces interprètes, mais aussi de leur talent de composition.

Durant les quelque quatre-vingts minutes de concert, les musiciens nous ont menés dans différents univers et atmosphères, adoptant un style de jeu parfois très rythmé, et d’autres fois plus mélodieux et tout en douceur, mais toujours avec de magnifiques nuances. Que ce soit lorsque Illingworth met sa main sur les cordes à l’intérieur de son piano à queue pour créer un effet différent lorsqu’il appuie sur ses touches (un peu comme le fait Jean-Michel Blais), ou quand Blacka tape sur le contour de sa contrebasse durant «Home» pour créer un rythme percussif tout en créant des sons en pinçant vigoureusement les cordes, le public ne peut faire autrement que de constater qu’il fait face à des musiciens expérimentés et habiles.

C’est d’ailleurs ce dernier, à la contrebasse, qui a davantage tiré son épingle du jeu lors de ce concert, en alternant entre le pincement et le frottement de ses cordes pour créer diverses ambiances, comme lors de cette longue envolée qu’il a offerte vers la fin, jouant avec les notes harmoniques puis revenant dans les graves, comme pour surprendre constamment et montrer l’étendue de son talent, mais en ayant aussi comme résultat de nous envoûter.

C’est pourtant aux côtés de ses compatriotes qu’il est reparti de plus belle après ce long, doux et beau moment bien applaudi, le trio mettant le paquet ensemble, vers la finale, se complétant, se relançant, se supportant et s’alimentant l’un l’autre. Revenant en rappel offrir une très longue pièce bien balancée, au cours de laquelle tout le monde s’est montré à son meilleur, les membres de GoGo Penguin ont étiré le plaisir, autant d’être là à Montréal, pour la première fois, que de jouer ensemble, mais c’est aussi le bonheur des spectateurs qui a été allongé, eux qui ont accueilli avec force et enthousiasme le groupe anglais tout au long de la soirée, autant qu’à la toute fin de ce spectacle qui, au final, se sera révélé assez statique, mais aura permis de découvrir une profondeur nouvelle et bien plus grande de la musique du groupe sur scène que sur disque.

Moon Hooch: faire danser la foule

En ouverture de la soirée, le trio américain Moon Hooch a chauffé la salle avec son jazz fusion, se rapprochant sacrément de la house music mais donnant aussi, à quelques occasions, dans le lourd dubstep, bref, faisant tout ce qu’il faut pour faire danser la foule. Au détriment de l’art musical? Peut-être quelquefois, dans les répétitions mélodiques autant que des techniques, mais aussi dans la construction des pièces, souvent sur le même modèle. Mais il faut avouer que c’est fichtrement efficace de voir Michael Wilbur et Wenzi McGowen s’échanger les solos et sortir tantôt un saxophone ténor, tantôt un soprano, un saxophone basse, un baryton ou même un saxophone contrebasse, impressionnant toujours davantage avec de nouvelles sonorités et de nouvelles dextérités dans la façon de manipuler ces nombreux et divers instruments.

James Muschler, derrière sa batterie, complète le trio qui manipule également divers synthétiseurs et autres gadgets servant à trafiquer tant les sons des instruments que ceux de la voix. Ayant démarré sur les chapeaux de roue et n’ayant rien perdu de leur rythme tout au long de l’heure bien tassée du spectacle – qu’on sent réglé au quart de tour -, Moon Hooch en a définitivement fait danser plus d’un avec ses mélodies accrocheuses, ses nombreux changements d’ambiance et brisures de rythmes, et ses envolées spectaculaires aux saxophones, allant même jusqu’à offrir une performance à trois instruments à vent, lorsque le batteur sortit en surprise un saxophone soprano.

Leurs jeux d’éclairages dynamiques aux couleurs vives font partie intégrante du spectacle et créent un impact certain sur la réception de ces flamboyantes performances qui démontrent malgré tout une grande inventivité de la part des musiciens, mais aussi un savoir-faire évident. Pourtant, c’est le dynamisme des interprètes, agissant presque comme des DJ en sautant partout et en sachant indéniablement se montrer en spectacle, qui joue le plus grand rôle dans l’ambiance festive créée par Moon Hooch qui, jusqu’à la toute fin, a réservé des surprises, des atmosphères et des sonorités nouvelles.

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Par Mathieu Pothier

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