MusiqueDans la peau de
Crédit photo : LePetitRusse
1. Ça faisait plusieurs années qu’on n’avait pas eu du nouveau matériel de Camaromance. Peux-tu nous raconter un peu comment l’envie de faire ton album Chasing Clouds t’est venue?
«J’avais mis un peu de côté ma musique il y a huit ans pour me concentrer sur ma maison de disques et je me suis retrouvée dans un tourbillon de travail pendant plusieurs années à cause du démarrage de l’entreprise qui était très intense. En 2016, j’ai senti un grand besoin de prendre du recul, et le formidable Alex McMahon m’a prêté son studio pendant ses vacances pour me ressourcer et écrire. C’est à ce moment que j’ai réalisé à quel point ça me manquait d’écrire et de chanter! J’ai donc commencé à bâtir cet album qui s’est finalement terminé en février dernier.»
2. Tu travailles aussi en tant que gérante et avec ton label, Lazy at Work (Fuudge, Galaxie, Les Dales Hawerchuk, entre autres). Comment tu vis ça d’avoir un pied derrière et devant la scène à la fois?
«J’adore ça! Mon plus grand plaisir est de travailler en équipe avec les gens que j’aime, ce que je fais tous les jours dans les deux sphères de ma vie.»
«En plus, je dirais que mon expérience d’artiste nourrit mon expérience de gestionnaire, et vice versa. C’est grâce à mon travail avec Galaxie et Les Dales Hawerchuk que j’ai pu devenir amie avec Pierre Fortin, qui a réalisé l’album et avec qui j’ai vraiment pu créer l’atmosphère de Chasing Clouds. En même temps, c’est grâce à tout ce que j’ai pu vivre avec Camaromance que je peux vraiment connecter avec mes artistes et travailler en équipe avec eux pour réaliser leur vision.»
3. Les morceaux de Chasing Clouds ont tous une vibe très personnelle et introspective. Est-ce qu’il y a une certaine appréhension pour toi de montrer un aspect plus vulnérable de ta personne en public?
«En fait, c’est un peu un défi que je me suis donné. Je suis une workaholic réformée, j’ai travaillé beaucoup dans les dernières années pour retrouver la personne qui était enfouie sous la femme d’affaires, et je suis contente de l’avoir retrouvée et de la montrer aux autres.»
«J’avoue que je suis vraiment gênée, ce que je cache facilement en mettant le focus des conversations avec les autres sur le travail ou sur eux. Je souhaite être plus ouverte, donc cet album est pas mal le meilleur moyen de montrer aux autres qui je suis, ma fragilité et mon romantisme.»
«Ça me fait encore peur tous les jours de l’avoir fait, mais je suis fière de moi d’avoir foncé. Ça me fait rougir, mais ça me fait sourire en même temps.»
4. Tu as notamment collaboré avec Francis Faubert, Olivier Langevin et Pierre Fortin sur ce dernier album. On lisait dans une entrevue que ça n’a pas toujours été facile pour toi d’accepter de l’aide. Tu es plutôt habituée à aider les autres. Qu’est-ce qui t’a poussée à t’entourer, cette fois?
«Je dois dire que ça s’est fait quand même naturellement. Je soupais chez Sébastien Séguin des Dales avec Pierre et je leur ai fait écouter mes démos pour l’album. J’ai demandé à Pierre si ça pouvait lui tenter de réaliser mon album. J’avais vraiment aimé la vibe de Mécanique d’hiver et j’aimais l’idée de lui proposer d’arranger un album sur lequel je ne voulais presque pas de batterie. Un beau défi pour lui!»
«Ensuite, c’est lui qui a fait écouter les chansons à Olivier, qui a demandé s’il pouvait embarquer. Euh… Lucky me! J’ai aussi eu l’idée de demander à Francis de m’écrire une chanson. J’avais déjà mon concept d’avoir écrit des chansons pour les gens qui m’ont marquée. Francis étant un ami proche, j’ai donc voulu lui donner la chance d’en écrire une pour moi, ce qu’il a fait avec sa belle authenticité.»
La chanson en question (et l’une de nos préférées de l’album):
5. Les thèmes du temps qui passe et du deuil sont aussi très présents dans Chasing Clouds. S’il y a une chose que tu as apprise pendant la création de cet album et que tu aimerais partager avec nous, ça serait quoi?
«Ce que je trouve le fun dans l’acte de lancer un album et, surtout, d’éventuellement le jouer en spectacle, c’est qu’on peut se marteler dans la tête les leçons qu’on doit apprendre. Je n’ai pas fini de me rappeler que le deuil, c’est compliqué, mais que c’est beau en même temps, et que la perte d’une personne aimée ou d’un rêve ou encore d’une vie imaginée peut nous mener à de toutes nouvelles découvertes encore plus touchantes et enrichissantes.»
«En gros, j’ai appris qu’il faut que je me rappelle que ma vie est fantastique parce que je l’ai choisie et que je continue de la choisir à tous les jours. Si elle ne me plaît pas, c’est à moi de la changer. Ça serait facile de dire que c’est réglé et appris, mais j’ai besoin d’un petit rappel de temps en temps. That’s what friends and music are for. ;-)»
Pour consulter nos précédentes chroniques «Dans la peau de…», visitez le labibleurbaine.com/Dans+la+peau+de…