ThéâtreCritiques de théâtre
Crédit photo : Marie Lassiat
Pour un public un peu plus restreint, avec seulement deux représentations, cette grinçante révision de Macbeth, présentée dans le cadre du OFFTA, se joue ouvertement de la malédiction associée à l’œuvre de Shakespeare en proposant la tonitruante esthétique visuelle et sonore du doom metal pour la raconter.
On se retrouve donc devant une scène sur laquelle est déposé un attirail de concert métal, amplificateurs Marshall et énorme batterie à l’appui, et une impressionnante quantité de terre. Une musique industrielle retentit, ne nous convainquant cependant pas immédiatement d’utiliser les bouchons distribués à l’entrée de la salle.
Les acteurs entrent en scène comme des musiciens, vêtus de noir, affublés de symboles religieux provocateurs, le visage bariolé d’un maquillage à mi-chemin entre les Misfits et le black métal scandinave. Et c’est à un show qu’on a droit, pendant 50 minutes, à savoir une lourde prestation musicale agrémentée de quelques moments de théâtre, établissant avec autorité une ambiance apocalyptique qui sied parfaitement aux tourments psychologiques du célèbre personnage de Shakespeare.
L’action est davantage suggérée par l’ambiance que jouée dramatiquement devant le public, avec l’aide de quelques mots-clés projetés derrière les musiciens et d’une solide performance musicale. Érick D’Orion, perché dans la régie, déchaîne sa conception sonore en même temps que des vocalises gutturales, ses croassements profonds de harpie enragée, instrument à part entière au sein de cet orchestre damné.
Difficile de trouver une trame sonore plus adéquate pour faire la chronique du désespoir désabusé du roi d’Écosse, de sa retentissante descente dans la folie la plus pure, de ses actes de barbarie et de ses vociférations errantes. Jocelyn Pelletier, qui a dû remplacer au pied levé une Caroline Boucher-Boudreau indisposée, a fait ici un excellent «débroussaillage» pour son adaptation, conservant et assemblant des répliques dont la musicalité étonne.
Son objectif d’intensifier l’expérience théâtrale est pleinement atteint, même si ceux qui ne connaissent pas la tragédie sanglante de Macbeth, ne serait-ce que sommairement, risquent de ne pas tout saisir.
Il suffit alors de se laisser guider par l’expérience brutalement sensorielle et d’en apprécier la véhémence, dont même les spectateurs les plus rébarbatifs au style musical ont su tirer du plaisir.
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Par Marie Lassiat
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