ThéâtreCritiques de théâtre
Crédit photo : Caroline Laberge
À la fois profondément réjouissante et résolument inventive, cette adaptation théâtrale du roman The Curious Incident of the Dog in the Night-Time de Mark Haddon n’est pas la première, et probablement pas la dernière. Il y a cependant de très fortes chances qu’elle soit la plus originale.
Hugo Bélanger, à qui l’on doit l’adaptation et la mise en scène de Harold & Maude, qu’on a aussi pu voir sur les planches du Théâtre Duceppe en avril 2017, travaille à nouveau avec Sébastien René, qui se révèle ici carrément prodigieux. Le spectateur n’a aucun mal à oublier qu’il s’agit d’un adulte, et ne voit que l’enfant, tumultueux mais doué, qui n’en fait qu’à sa tête et qui lance une enquête de voisinage, malgré l’interdiction de son père (Normand D’Amour).
Bélanger est reconnu pour son imagination et ses prouesses techniques, qui sont depuis longtemps mises à profit dans les divers somptueux spectacles qu’il a créés (on se souviendra, entre autres, de Münchhausen, les machineries de l’imaginaire, en rappel en 2015 au Denise-Pelletier, mais créé en 2011), et il semble s’être surpassé pour cette production.
Le décor de Jean Bard, qui semble tout d’abord être une banale surface facilitant les ingénieuses projections de Lionel Arnould, se révèle progressivement être plein de surprises, se déployant en sections, multipliant l’apparition de modules cachés, se façonnant au gré des scènes, créant de véritables illusions, devenant ici un escalier, ailleurs un trou.
Christopher, ce jeune surdoué qui charme inconsciemment tout le monde, sort à plusieurs reprises de sa zone de confort, de sa précieuse bulle, et vainc des obstacles qui pourraient paraître anodins aux yeux de plusieurs. Tout dans le traitement nous permet d’accéder à sa vision du monde, un peu comme si l’immense surface de projection était un lien privilégié vers son mode de pensée, qui est définitivement hors-norme.
Plusieurs facettes de la production sont remarquables, et ce fut pour nous, dans l’ensemble, une véritable surprise; nous retiendrons, cependant, comme élément le plus marquant, cette interprétation sans faille de Sébastien René, qui est sur scène du début à la fin, possédant vraisemblablement une énergie inépuisable, s’investissant tout entier dans un personnage difficile avec l’air désinvolte d’avoir fait ça toute sa vie.
On oublie bien rapidement le pauvre cabot trucidé qui ouvre la pièce pour découvrir un univers réjouissant, bien que parfois glauque, peuplé de gens bienveillants qui ont parfois des moments moins faciles à passer. Un peu comme la vie, quoi.
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Par Caroline Laberge
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