Sorties
Crédit photo : Pierre-Louis Dagenais-Savard
«Dans l’idée de ne plus être ici»: entrez dans un autre monde!
Avant d’entrer dans la salle, c’est toute une démarche à suivre. À la fois angoissé et excité, on nous demande de déposer nos manteaux, d’enlever nos chaussures, puis d’entrer seulement en petit groupe, le tout guidé par les employés complices.
Après un sas d’entrée, ça y est, on entre dans la salle. Une salle méconnaissable: la fumée est dense et épaisse. On ne voit pas à un mètre. Tout l’espace est coloré par des lumières vives qui englobent la pièce, le tout soutenu par la musique électrisante de Mathieu Arsenault.
Le public est invité à déambuler dans cet espace unique et fascinant. Les gens apparaissent et disparaissent dans la pénombre. Tout le monde contemple et vit son moment personnel, entouré par les autres.
Les regards et les sourires se croisent dans l’attente d’une performance. Finalement, c’est le public lui-même qui devient la performance. On vit tous ensemble un moment suspendu dans le temps où chaque mouvement ou échange de regards devient un morceau du spectacle.
Après un long temps d’acclimatation, les performeurs se dévoilent parmi la foule, sous un halo de lumière. Chacun à sa manière s’enduit les avant-bras d’une poudre blanche, dans une lenteur soutenue, tel un rituel.
Puis la musique enveloppante s’arrête soudainement et laisse la place aux interprètes qui marchent avec nous et créent quelques harmonies avec leur voix, laissant peu à peu les portes s’ouvrirent et le public sortir, sans savoir si la performance continue ou non.
Un moment hors du temps, captivant et très réussi qui brise le 4e mur avec le public et qui le transporte ailleurs.
«Carcasse»: quand il ne reste que poussière
Encore une fois, le public est amené à enlever ses souliers et à déambuler. Mais cette fois, en entrant, on a affaire à une scène de fin du monde, un carré de poussière et de terre où cinq corps fragilisés cherchent à survivre. Le public préfère s’asseoir, tout autour.
Dans la lenteur, les corps déambulent, se croisent, parfois s’enlacent dans un beau moment d’humanité, puis repartent dans leur malheur et leur mal-être. Ils retrouvent peu à peu leur carcasse, l’essence de leurs pores et de leur squelette, qui semblent subir la fin d’une époque, la fin d’un monde.
Un selfie-stick, malheureusement peu exploité, est présent sur scène avec les interprètes: une manière de nous parler de notre propre monde qui s’effondre peu à peu?
Pendant 40 minutes, on contemple ces corps en lutte tout en espérant une montée scénographique ou chorégraphique plus assumée et une intention plus claire. Dans un râle final, les portes s’ouvrent et laissent le public partir, sans applaudissements, dans un silence, entre malaise et questionnement…
L'événement en photos
Par Pierre-Louis Dagenais-Savard et Colin Earp Lavergne
L'avis
de la rédaction