ThéâtreCritiques de théâtre
Crédit photo : Bruno Guérin
J’ai envie de vous écrire directement, à vous toutes, jeunes femmes en devenir qui avez déversé vos tripes sur la scène du Quat’Sous.
Ceux et celles qui me connaissent pourraient vous dire que j’ai un point faible pour tout ce qui concerne l’adolescence. Je travaille souvent avec de jeunes artistes sur des projets de théâtre, et en vous voyant donner votre cœur à l’ouvrage, je devinais l’implication, le guts et le travail qu’un défi comme celui-ci représente. Il est donc difficile d’écrire sans tenir compte de votre époustouflante énergie et de votre âge (la plus jeune a 14 ans et la plus âgée, 18!)
En apprenant qu’une adaptation du livre de Geneviève Pettersen serait créée en pièce de théâtre, j’étais curieuse de voir quelle actrice professionnelle pourrait endosser le rôle de Catherine avec autant de justesse que la jeune fille que j’ai imaginée en lisant le roman de 200 pages.
Quelle joie de constater qu’il n’y avait pas une, mais bien onze adolescentes impliquées dans cette production pour donner vie au personnage. C’est un choix judicieux et risqué, mais qui rend justice à l’oeuvre tout en lui injectant une dose de réalisme tout à fait épatante.
Votre présence sur scène est authentique et c’est difficile d’accéder à la vulnérabilité et à la maturité nécessaire pour transmettre aux spectateurs l’émotion d’une proposition comme celle-ci. En plus de jouer tous les rôles, masculins et adultes (touchante Éléonore Nault dans le rôle de Kevin), j’ai vu chacune de vous à travers de petits instants magiques. Merci Éléonore Loiselle pour le texte sur l’amour dans la nuit: «Tu peux continuer de dormir, je veillerai sur nous». Quand vous entrez dans votre vérité, on l’entend dans votre voix. Celle-ci devient plus grave, posée, et ce sont ces moments-là qui font toute la différence dans ce spectacle fort bien ficelé.
Comme dans le livre qui nous raconte la vie de cette jeune fille en recherche de qui elle est et de ce qui la définit ou non, j’ai assisté à un moment marquant de vos courtes vies, un de ceux qui vous fera évoluer dans une nouvelle direction.
C’est encourageant d’imaginer qu’à partir de maintenant, vous vous engagerez peut-être dans une vie artistique ou que vous deviendrez de ferventes défenseuses de la culture en témoignant que l’art, à tout âge, peut être un choix dans lequel on s’engage et par lequel on transmet de vrais frissons.
Parlant de frissons, quelle chance vous avez de pouvoir vibrer et danser sur la voix de la talentueuse Frannie Holder. Le travail d’adaptation des chansons donnait réellement le ton et nous gardait dans cet entre-deux époques, un peu en 1996 et beaucoup en 2018, comme vous le mentionnez au début du spectacle. Que dire des costumes, superbe conception d’Elen Ewing, qui a pris en compte la personnalité de chacune et du décor minimaliste qui laisse tout l’espace nécessaire à vos corps et à vos esprits en plein épanouissement!
Longue vie à cette belle collaboration entre le Théâtre PàP et le Théâtre de Quat’Sous. Un commencement comme celui-ci inspire pour la suite.
Je suis heureuse d’avoir été spectatrice de votre talent. Vous êtes les déesses des mouches à feu!
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Par Bruno Guérin
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