ThéâtreCritiques de théâtre
Crédit photo : Catherine Aboumrad
C’est une idée toute simple, qui permet l’exploration de divers thèmes, sous forme de tableaux, qui semblent parfois échapper à toute notion de chronologie. On passe d’une discussion sur les contradictions du Québec à une séquence onirique où Emma-Kate (Emma-Kate Guimond), seule femme du quatuor, se tortille langoureusement sur un La-z-boy; ou d’un concours de qui fait le plus beau gâteau à un interlude où un éléphant attaque Ally (Ally Ntumba), un réfugié congolais toujours bien sapé.
Il y a des moments poétiques – la déclamation de «Home» de Warsan Shire – et des instants nettement plus surréalistes; lorsque Marc et Dan (Dany Boudreault) réinterprètent verbatim l’incident de la Dinde Noire de TVA Nouvelles, une poignée de spectateurs vit un grand moment d’absurde, alors que le reste du public se retrouve – littéralement – dans le noir.
Les commentaires sociaux, parfois désinvoltes, qui s’enchaînent à un rythme assez vif font la force de la structure, tandis que les moments plus abstraits qui servent de pause s’allongent parfois un peu trop. Le personnage de Dan, qui se définit comme un caucasien privilégié, est hors de tout doute le plus comique, et ses quelques transgressions acerbes ne parviennent pas à nous le rendre antipathique.
L’écriture du texte résulte d’un effort collectif, chaque participant y mettant un peu du sien, des petites parcelles de son expérience et de son rapport à l’autre. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle les acteurs n’utilisent pas des noms fictifs.
Nous n’avons pas vu les autres pièces de la compagnie Joe, Jack et John, malgré leurs quinze ans d’existence, mais cette mise en scène de Catherine Bourgeois, qui en est la directrice et qui y est impliquée depuis ses débuts, constitue une belle bouffée de fraîcheur.
En utilisant l’arrivée des réfugiés syriens comme une excuse pour parler d’aliénation et d’intégration, de langue et d’identité, le récit devient un commentaire social festif, atteignant un rare équilibre et faisant preuve d’une belle sensibilité en intégrant un comédien (Barakat) qui vit avec une déficience mentale.
On dit merci qui?
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Par Catherine Aboumrad
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