«Les aventures de Lagardère» de Paul Féval au Théâtre Denise-Pelletier

L’adaptation pour toute la famille que propose le Théâtre Denise-Pelletier, dans une mise en scène de Frédéric Bélanger, est en phase avec la mission de démocratisation du médium théâtral dont le Théâtre Advienne que pourra, qu’il dirige, s’est investi. Après avoir récemment présenté des classiques tels que Sherlock Holmes et le chien des Baskerville ou encore Anne… la maison aux pignons verts, voilà qu’on nous propose de (re)visiter un classique en formule festive, avec une excellente mise en abîme.  Ce sont des comédiens espagnols itinérants, qui voyagent de ville en ville avec leur roulotte théâtrale, qui présentent la pièce au public, sympathique clin d’œil à la roulotte dans laquelle la pièce a commencé sa vie en 2009, en faisant une tournée des parcs de Montréal.

Cette histoire est avant tout propulsée par la jalousie fourbe de Philippe de Gonzague, qui n’accepte pas que sa promise en aime un autre. Elle s’est même secrètement mariée avec ce duc, qui s’appelle Philippe de Nevers, et avec qui elle a eu un enfant, Aurore. Lorsque le duc est assassiné par Gonzague, Henri de Lagardère, protégé de Nevers, se retrouvera accusé et devra fuir, en emportant avec lui Aurore pour la protéger. Ils se dissimuleront parmi une troupe d’acteurs itinérants pendant 17 ans, pendant que Lagardère élabore un plan pour venger son maître.

Si les multiples aspects tragiques du récit ne donnent pas, sur papier, envie de rigoler, il en va tout autrement lorsqu’on se retrouve dans la salle. À mi-chemin entre la farce et le vaudeville, la mise en scène de Bélanger nous propose une enfilade festive de quiproquos, de combats, de comédie physique et de masques qui tombent. La bonne humeur souffle sur l’interprétation; Patrick Dupuis s’en donne à cœur joie dans le portrait du vilain Gonzague, le personnage de Peyrolles et de ses grimaces est chaque fois accueilli avec beaucoup de bonheur, et les masques grotesques dont se parent les comédiens pour personnifier les nombreux hommes de main toujours simplets nous empêchent tout simplement de les prendre au sérieux.

L’énergie contagieuse qu’investissent les comédiens dans leur performance fait plaisir à voir, et Alex Bergeron personnifie un Lagardère tout à fait plausible. Avons-nous été les seuls à sourciller, cependant, lorsqu’il répond favorablement à la déclaration d’amour d’une jeune fille qu’il a lui-même élevée?

Lorsque Nevers tombe sur les comédiens qui l’abriteront dans leurs rangs, ils sont en train de répéter une adaptation de Don Quichotte. Ce sont de petits détails comme celui-ci qui nous réjouissent de la minutie dont fait preuve Claude Poissant dans sa sélection d’œuvres. Qui continue à séduire la relève des amateurs de théâtre qui se rendent au Denise-Pelletier chaque semaine pour y développer une fascination qui durera, osons l’espérer, très longtemps.