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Agnès Varda, connue pour être une cinéaste marquante de la Nouvelle Vague aux côtés de Jacques Demy, Alain Resnais et Chris Marker – pour ne nommer qu’eux – est à la fois une grande réalisatrice de documentaires. Les Glaneurs et la Glaneuse (2000) ainsi que Les Plages d’Agnès (2008) sont probablement ses plus connus et ceux ayant reçu la plus grande reconnaissance sur la scène internationale. Dans Visages villages, elle ne travaillera pas seule. JR, jeune artiste français faisant surtout du street art et de la photographie, se joint à elle pour la réalisation du long-métrage documentaire.
Un duo assez improbable, à première vue, mais immensément touchant, qui nous offre un joli portrait de la France et des humains qui y vivent.
Les œuvres de Varda – surtout ses documentaires – sont bien connues pour être des productions très personnelles. Elle se met elle-même en scène, faisant parfois des commentaires sur sa vie présente ou passée. Lorsqu’elle parle de son mari défunt, Jacques Demy, sa profonde tristesse est ressentie par le spectateur qui ne peut que compatir. Ces moments d’intimité avec Varda sont bien souvent les points forts de ses films documentaires. Visages villages ne fait pas exception à la règle.
Tandis que JR s’occupe de prendre des clichés et de les afficher sur différentes surfaces, Varda s’adresse parfois à la caméra en donnant des commentaires sur l’art inoubliable et grandiose de JR. Elle peut aussi récolter des témoignages ou des entrevues des personnes présentes sur les lieux. À travers la réalisation de ce long-métrage documentaire, Varda n’a qu’une envie: découvrir JR sans ses lunettes. Mais celui-ci voulant garder ce trait anonyme de lui, il refuse gentiment de lui dévoiler son visage complet. Les co-réalisateurs semblent parfois en totale symbiose. Ils se comprennent très bien et, surtout, ils se complètent. Ils sont deux êtres humains haut en couleur qui communiquent à travers leur art. L’aspect merveilleux dans tout ça: le spectateur a la chance de voir l’évolution des oeuvres, mais aussi des deux réalisateurs.
À travers Visages villages, nous assistons au début de l’amitié entre JR et AV. Ces moments sont sans aucun doute les plus touchants du long-métrage. Certains pourront dire que les co-réalisateurs se mettent beaucoup trop en scène. Il est vrai qu’ils apparaissent souvent à l’écran et que cela peut devenir agaçant dans certaines scènes. Par moments, il pourrait être plus pertinent de laisser davantage de place aux personnes qui témoignent et racontent leur histoire. Il n’en demeure pas moins que le développement de la complicité entre les deux auteurs est ressenti chez le spectateur. Leur amitié évolue dans un cadre magnifique – celui de partir à la découverte d’autrui et d’en apprendre plus sur le monde.
La séquence finale est d’une beauté incroyable. Varda s’ouvre encore une fois au spectateur, mais surtout elle se confie à son (nouvel) ami, JR. Nous assistons à un moment à la fois humain et très attendrissant.
Visages villages possède aussi un fort esprit de communauté. Les oeuvres photographiques de JR ne se forgent pas toutes seules. Tout le monde y met un peu du sien et les résultats sont parfois hallucinants. C’est le cas pour les travailleurs dans l’usine, qui sont très sympathiques et qui embarquent dans le projet avec un énorme sourire, nous faisant sourire à notre tour.
Cette production complète nous séduit. Elle nous donne l’envie de partir à la rencontre de ces personnes et de ces villages. Même de voir les yeux de JR! Mais, surtout, elle nous donne l’envie d’aller vers les autres. Et ça fait du bien.
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Par www.allocine.fr
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