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Crédit photo : François Nadeau
Et ces amateurs, ils étaient nombreux et bien variés! Autant des baby-boomers que plusieurs X, des gens en famille que des milléniaux étaient tous venus applaudir la formation qui a rocké leur jeunesse (ou pas…) À 21 heures bien précises, le groupe de Boston est arrivé sur scène pour interpréter un véritable feu roulant de pièces qui s’est entamé avec «Wave of Mutilation», tirée de l’excellent album Doolittle. Sans jamais s’adresser une seule fois à la foule, le groupe a offert 90 minutes bien tassées de pièces musicales courtes et punchées mais malheureusement pas toujours bien choisies…
Tout au long de la soirée, des classiques comme «Cactus», «Caribou», «Monkey Gone to Heaven» (magnifiquement interprétée) ou encore «Break My Body» côtoyaient des nouvelles pièces du répertoire des Pixies, majoritairement tirées de l’album Head Carrier. Le hic, c’est que ces nouveaux morceaux sont pour la plupart peu convaincants sur scène et inconnus du public, causant ainsi certains moments plus creux où la foule s’ennuyait quelque peu.
Heureusement, les membres du groupe avaient plus d’un tour dans leur sac et parvenaient à ramener l’énergie dès les premières notes d’une pièce classique. Ainsi, après avoir quelque peu dormi au gaz durant un long moment, le MTELUS a explosé lors de la délirante «Vamos», où le guitariste Joey Santiago, jusque-là bien discret, s’est amusé avec les distorsions sonores de sa guitare.
On ne peut pas reprocher aux Pixies de faire du surplace et d’interpréter uniquement leurs vieux succès, toutefois on sentait que le rythme n’était pas toujours optimal.
Derrière eux, un visuel sobre, mais élégant accompagnait efficacement leur prestation, somme toute assez sage.
Parmi les bons moments, on retrouve les furieuses «Broken Face» et «Crackity Jones», où Black Francis a démontré qu’il était encore en bonne forme vocale. Dommage, cependant, que son micro ait été aussi mal calibré et qu’il ait été souvent inaudible, enterré derrière le son des guitares. Les plus vieux ont jubilé lorsque le groupe a entamé «River Euphrates» ou «Ed Is Dead» (tirée de Come On Pilgrim, le premier EP du groupe), et tout le MTELUS s’est enflammé en fin de parcours, alors que les Pixies ont interprété coup sur coup «Gouge Away», «Hey» et «Debaser».
Ce trio parfait de classiques de Doolittle a mis la table pour une bataille d’eau dans le public, alors que plusieurs spectateurs se sont mis à se projeter des bouteilles d’eau. Deux d’entre elles ont d’ailleurs été lancées sur scène, passant bien près de Black Francis et du guitariste Joey Santiago. Certains spectateurs, un brin intoxiqués, ont d’ailleurs dû être ramenés sur Terre par la sécurité…
Ces pièces ne faisaient que mettre la table pour le clou de la soirée: une reprise lente et surf rock de «Wave of Mutilation» suivie, bien sûr, de «Where Is My Mind?» Quoi de mieux que cette pièce emblématique des années 1980 pour conclure un concert? Pour une rare fois dans la soirée, les gens présents ont brandi bien haut leur cellulaire pour filmer le moment.
Après un tonnerre d’applaudissements et d’acclamations, le groupe est revenu sur scène sous un large écran de fumée. On aurait presque cru qu’on avait éteint un feu à l’extincteur tant celle-ci était dense! Un dernier classique nous était réservé: l’indémodable «Into the White»…
Si le moment était réussi, on ne peut que constater que la nouvelle chanteuse et bassiste Paz Lenchantin n’est malheureusement pas aussi efficace que la mythique Kim Deal pour interpréter cette pièce. Dommage.
D’ailleurs, «Gigantic», une autre pièce jadis chantée par Kim Deal, a été laissée de côté, idem pour «Here Comes Your Man», un grand classique qui aurait forcément insufflé une autre bonne dose d’énergie contagieuse dans le MTELUS. Le groupe a cependant pu piger de manière égale dans des classiques, des pièces plus rarissimes et des nouveautés.
Si celui-ci n’est plus ce qu’il était sur scène, il est bien de constater que son répertoire exceptionnel reste accessible à une masse aussi variée de gens, pour le meilleur et pour le pire.
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de la rédaction