ThéâtreCritiques de théâtre
Crédit photo : Caroline Laberge
Ayant abandonné son fils il y a des lustres, il a été surpris de recevoir un appel de ce dernier, quelques heures avant, et de lui avoir proposé presque impulsivement de venir souper. Il ne savait pas de quoi il allait le nourrir, ce fils à propos duquel il n’a jamais demandé de nouvelles, et ce gros poisson ressemble presque à une intervention divine.
Pièce australienne qui a presque dix ans, When the rain stops falling a provoqué un déluge de critiques favorables lors de son passage à New York, en 2010, et sa structure ambitieuse étonne avec ses multiples retours dans le temps, à différentes époques. On découvre que la fuite et l’abandon sont une tradition familiale chez les York, et que l’éducation est majoritairement une affaire de femmes.
«Quatre générations d’absence», ça ne se fait pas sans installer une insidieuse dynamique subconsciente dans les rapports entre les parents et leur progéniture.
Est-ce que ce poisson tombé avec la pluie, lourd de symbolisme, viendra briser la spirale de la négligence parentale, qui laisse des cicatrices invisibles mais néanmoins très profondes dans la psyché des enfants?
La fuite vers l’Australie est populaire – on l’a d’ailleurs vu dans la dernière saison de l’excellente émission de HBO The Leftovers – et c’est dans ce pays qui frappe l’imaginaire qu’a trouvé refuge notre personnage de départ. Personnage que l’on ne reverra qu’à la toute fin, après avoir été témoin de divers panoramas mettant l’emphase sur la genèse de ses valeurs. L’ensemble des interprètes est très solide, et nous retenons particulièrement les performances de Véronique Côté et Alice Pascual.
On voit parfois mal les acteurs, car la salle, chez Duceppe, est très vaste. Cela ne nous a pas empêchés d’apprécier la superbe scénographie, qui baigne dans un éclairage très intime, avec cette eau qui tombe sur les acteurs à chaque fois qu’un personnage s’apprête à entrer en scène.
Cette humidité omniprésente installe un climat un peu oppressant et claustrophobe qui contribue grandement à nous faire apprécier encore plus cette plongée dans le futur, esthétiquement frappante, et au ton d’une justesse exemplaire.
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Par Caroline Laberge
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