«La fleur de l’illusion» de Keigo Higashino – Bible urbaine

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«La fleur de l’illusion» de Keigo Higashino

«La fleur de l’illusion» de Keigo Higashino

Mourir sans laisser de traces

Publié le 8 août 2017 par Éric Dumais

Crédit photo : Actes Noirs

Ce septième roman du maître japonais du roman policier prouve une fois de plus que Keigo Higashino maîtrise l’art d’assembler les mailles complexes d’une trame narrative où le mystère de l’histoire brouille les pistes. Avec La fleur de l’illusion, l’auteur de Café maison et La lumière de la nuit présente un roman à saveur botanique où des personnes décèdent de façon tragique et mystérieuse dans une mise en scène où le meurtrier, si l’on a bien affaire à un assassinat, n’a en tous les cas laissé aucune trace.

La jeune Akiyama Lino, comme si la foudre du destin lui était tombée dessus, vivra coup sur coup deux drames dans sa vie: la perte de son cousin Torii Naoto, mort tragiquement par suicide alors qu’il s’est jeté par la fenêtre de son appartement, et son grand-père Akiyama Shūji, peu de temps après, probablement le plus grand amoureux des plantes au Japon, retrouvé sans vie dans son domicile. Au premier coup d’œil, il semble que les deux décès ne soient pas intimement liés, mais les inspecteurs de la police ne disposent pas de preuves concrètes pour y voir dès lors un rapprochement. Mais dans les deux cas, ce sont des morts étranges, et inexplicables. Lino, désemparée, ne pourra s’empêcher de constater, toutefois, qu’un pot contenant une fleur jaune manque à l’appel dans le jardin de feu son grand-père… Disparue sans laisser de traces?

De fil en aiguille, et alors qu’elle aidait déjà son grand-père à comptabiliser sa collection de plantes sur un blogue créé de toutes pièces, Lino sera vite contactée par un mystérieux inconnu, un certain dénommé Gamō qui, selon toute vraisemblance, aurait des informations confidentielles à lui fournir suite à la vue d’une photo qu’elle a publiée de cette «fleur jaune au nom inconnu» à laquelle elle souhaitait rattacher un nom et un descriptif. Pourquoi son grand-père, peu de temps avant sa mort, lui avait demandé de ne pas publier de photo de cette fleur en particulier? Et qui est cet inconnu qui la contacte et qui souhaite la rencontrer pour en savoir plus sur cette fleur et sur les motifs autour de la mort de son grand-père? Décidément, rien ne va plus, et les inspecteurs de la police tournent eux aussi en rond devant ces deux décès durs à expliquer…

Keigo Higashino, avec cette récente enquête policière, n’avait décidément pas envie de révéler tout de suite l’identité de son coupable, comme il l’avait pourtant fait dans Un café maison ou encore Le dévouement du suspect X, où il avait préféré révéler ses cartes pour mieux brouiller le motif d’assassinat de son meurtrier. Avec La fleur de l’illusion, on baigne dans un microcosme où tout un chacun peut être coupable et où l’accès à la vérité sera un jeu complexe et risqué. Là où l’art d’Higashino opère certainement, c’est dans le portrait de ses personnages, où il nous en révèle très peu sur eux pour justement nous empêcher de bien cerner leurs intentions et leurs états d’âme. On se retrouve ainsi en situation d’infériorité, laissant aller la trame narrative au sein de ces trente-neuf chapitres, marqués par deux prologues et un épilogue auquel il est difficile de s’attendre.

Ingéniosité, voilà une qualité qui sied bien à cet écrivain japonais qui maîtrise certes avec aplomb l’écriture policière pour nous offrir tour à tour des thrillers vifs, sans longueur, toujours avec une révélation finale qui choque par son imprévisibilité!

«La fleur de l’illusion» de Keigo Higashino, Actes Sud, collection Actes Noirs, 348 pages, 39,95 $.

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