LittératureBandes dessinées et romans graphiques
Crédit photo : Rue de Sèvres
Chloé et Marc sont les parents d’Olivier. Un beau petit garçon. Toutefois, avec le temps, Marc et Chloé s’inquiètent des retards de développement de ce dernier. Après avoir passé un dur processus d’évaluation, ils reçoivent le diagnostic: Olivier est autiste. Les premiers temps sont difficiles. Marc s’enferme dans une bulle, ce qui provoque la séparation de son couple. Une journée, alors qu’il avait fumé de la marijuana, Marc observe son fils et comprend. À partir de ce moment-là, Marc travaillera à rendre Olivier autonome. Il développera des jeux pour le sortir de sa bulle, brassera ses habitudes pour le sortir de sa zone de confort, etc. Tout le contraire de ce que les spécialistes lui proposent. Voici le récit de petites victoires au quotidien.
Les petites victoires est une bande dessinée qui nous fait traverser une foule d’émotions. Impossible de ne pas verser une larme lorsque Marc réussit à serrer son fils dans ses bras pour la première fois. En plus de faire vivre des émotions, Yvon Roy montre comment il faut être sensible aux sentiments des autres. En étant à l’écoute des sentiments d’Olivier, il crée des sentiments de confiance qui permettent à son fils d’explorer, d’apprendre et de sortir de sa zone de confort sans crainte. Ce serait facile de mettre le compte de ces émotions sur le dos de l’autisme. Pourtant, même pour un parent qui a un enfant normal, le simple fait d’avoir un premier câlin spontané peut faire verser une larme de joie.
Voilà le message d’Yvon Roy: peu importe l’enfant qui vous est donné, vous vivrez des petites victoires tous les jours. Sachez les voir, les souligner et les vivre fièrement.
L’autisme est une condition qui demande du temps et de la patience. Toutefois, la construction du récit du bédéiste semble aller dans l’autre sens. Les pages défilent si rapidement que le lecteur a l’impression que l’histoire se déroule à vitesse grand V. Peut-être aurait-il fallu travailler davantage les transitions entre les différentes périodes en y ajoutant un repère visuel, par exemple. Par conséquent, ce rythme rapide ne permet pas au lecteur de vivre pleinement les émotions que devraient lui faire vivre Marc et Olivier.
De plus, les chutes entre les différentes périodes du récit ne sont pas toujours réussies. Certaines tombent à plat, car avec le rythme trop rapide du récit, le lecteur n’a pas le temps de s’installer dans l’action qu’elle est déjà terminée. En fait, le récit de Yvon Roy est si important qu’il aurait nécessité un traitement plus détaillé pour installer une lecture calme et sensible.
Dans un style simple en noir et blanc, les illustrations d’Yvon Roy soutiennent parfaitement le récit. Inutile dans faire trop, l’histoire vit d’elle-même. Les cases ne sont pas surchargées de détail. Au contraire, l’auteur fait toute la place à Olivier et Marc. Après tout, dans ce récit, c’est tout ce qui compte: un père et son fils face à l’adversité.
Yvon Roy a pris un morceau de sa vie privée afin de partager son expérience avec les lecteurs. Il a montré ses moments de faiblesse, mais aussi les nombreux moments de joie et d’accomplissement qu’il a partagés avec Olivier. Les petites victoires dépassent l’autisme d’un enfant. Il parle de ces victoires qui font que la vie est belle, ou plutôt magnifique. C’est d’ailleurs pourquoi Yvon Roy a dédié ce livre à tous les parents: «Il est important pour moi de faire un livre qui s’adresse à tous les parents, puisque chacun sans exception aura des défis à relever avec son gamin, le plus grand d’entre eux étant d’aimer sans condition et sans jamais faiblir, qu’importe l’enfant qui nous est donné.»
Yvon Roy se fait réaliste et souligne que ce sont souvent les pères qui fuient devant des situations si difficiles. Il ne reste plus qu’à se demander si ce sera le livre qui permettra aux pères, notamment, de prendre le contrôle de leurs émotions et de faire face à la musique pour vivre une vie épanouissante avec leur enfant.
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de la rédaction