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Crédit photo : www.montebellorockfest.com et Vanessa Gallagher
Jérémy Gabriel: reprises, mosh pit et rock ‘n’ roll
Il faisait beau, chaud et tous les ingrédients requis pour créer des moments remarquables étaient au rendez-vous. À 18:45, celui qu’on connaît pour avoir chanté devant le Pape en 2006 et qu’on surnomme amicalement «le petit Jérémy» est monté sur scène devant une foule bien compacte. Visiblement fébrile, elle ne s’est pas fait prier pour faire vivre à l’artiste, maintenant âgé de vingt ans, une expérience à la «saveur Rockfest». Mosh pit, body surfing et même un wall of death se sont créés durant le spectacle question de pimenter encore plus le moment.
C’est entouré d’une choriste et de quelques musiciens que Jérémy Gabriel a repris quelques classiques, passant de Marjo à la mythique chanson «Eyes of the Tiger». Bien sûr, son passage au Rockfest n’aurait pas été complet s’il n’avait pas joué sa fameuse pièce «I Don’t Care», ce qu’il a évidemment fait, accoutré d’un chandail à l’effigie de celle-ci. Malgré une qualité sonore discutable, le moment était bien mémorable et l’accueil que les festivaliers lui avaient réservé devait fort probablement être à la hauteur de ses propres attentes.
Bernard Adamus: symbiose musicale
Suivant la prestation de Jérémy Gabriel, Bernard Adamus est monté à l’heure, sur scène, devant une foule au rendez-vous qui s’était déplacé rapidement pour venir appuyer l’artiste et chanter à gorge déployée avec lui. Et il était bien entouré. Ayant amené avec lui un saxophoniste, un claviériste et un contrebassiste, il y avait là tout pour permettre une performance tirant vers l’excellence.
L’auteur-compositeur-interprète s’est amusé à faire le tour de ses trois albums. Le public a pu se régaler de la pièce «Brun», qui prend place sur son premier opus du même nom, ainsi que d’autres toutes très bien accueillis. C’est toutefois la chanson «Hola les lolos» qui a su enflammer un public appuyé les uns contre les autres, chantant chaque parole de façon à faire attention de mettre l’emphase sur le refrain prenant.
Loco Locass: le cœur d’un pays
Une Saint-Jean sans Loco Locass n’en est pas réellement une. Le groupe est à la Saint-Jean ce que l’huile est pour le feu: un cocktail Molotov explosif qui sait comment faire lever une foule! Le groupe québécois pure laine, qui ne fait pas dans la dentelle de la Saint-Flanelle depuis plus de vingt ans, a foulé la scène vers 20:30 sans artifices, seulement vêtu de bleu et décoré d’un drapeau du Québec en guise de grande cape. Ils y étaient tous: Biz, Batlam et Chafiik, et c’est pour le plus grand plaisir d’une foule immense qu’ils ont joué leurs succès.
Le soleil se couchait derrière les festivaliers et c’est à ce moment qu’il était possible de ressentir l’énergie patriotique qui rassemblait la foule ce soir-là. Notes claires et instruments bien dosés, le trio s’est permis de jouer un peu avec les spectateurs en demandant à se diviser en deux chœurs le temps de chanter la pièce «Hymne à Québec» à l’aide du leitmotiv «Je me souviens».
Une prestation bleutée digne de ses grands défenseurs d’un pays.
Robert Charlebois: partage, puissance et pluie
Un autre grand nom d’un Québec bien indépendant et se relevant les manches devant l’adversité s’est joint au Rockfest, spécial St-Jean, hier soir. Nul autre que l’authentique Robert Charlebois, qui s’est livré lui et ses 50 années d’expérience devant une foule qui n’était plus à réchauffer à ce moment-là. Soulignons que la pluie s’est pointé le bout du nez durant la soirée, mais Dame nature n’a pas fait fuir les festivaliers qui sont restés accrochés à la scène.
L’auteur-compositeur-interprète s’est autorisé quelques classiques comme «Lindberg» et avait bien ouvert sa prestation à l’aide de la pièce «The Frog Song», épuisant les lèvres de chacun. L’âge ne semblait pas l’avoir enlisé ou lui avoir enlevé ce brasier qui l’allume encore aujourd’hui. Au contraire, dans son élément, sur scène, devant une foule réceptive et amoureuse, ses 72 ans n’étaient qu’un chiffre comprenant en son épicentre toute l’expérience d’un artiste accompli.
Dans tous les cas, il fallait y être pour être en mesure de comprendre l’ampleur de la force d’un peuple se ralliant autour d’une idée utopique le temps d’une journée. Comme l’a déjà dit Jacques Parizeau lors de la défaite du référendum en 1995: «On se crache dans les mains et on recommence».