Un moment privilégié en compagnie de The xx au parc Jean-Drapeau de Montréal

La soirée a commencé lentement avec la chanteuse Kelela en première partie. Tout en voix, elle a interprété avec beaucoup d’énergie quelques pièces de sa mixtape Cut 4 Me et du EP Hallucinogen sans jamais tout à fait parvenir à réveiller la foule quelque peu indifférente. Le producteur proposait des textures sonores très intéressantes, qui enveloppaient bien la voix de l’artiste. Cependant, le tout s’est terminé de manière un peu abrupte par un timide au revoir, tout juste après sa cinquième chanson, et à peine trente minutes sur scène. Dommage…

Il n’en fallut pas moins pour que la foule devienne plus compacte, attendant de pied ferme l’évènement principal de la soirée. Le groupe londonien s’est d’ailleurs fait quelque peu désirer, faisant attendre le public pendant pratiquement quarante minutes. C’est finalement sous le coup de 21h10 que la chanteuse et guitariste Romy, le chanteur et bassiste Oliver Sim et le producteur Jamie xx sont apparus sur scène pour entamer les premières notes de «Say Something Loving», tirée du dernier album I See You, qui allait occuper une place centrale du concert.

Postés en avant de la scène, Oliver et Romy ont gagné en assurance depuis leurs débuts. Le duo témoignait d’une belle complicité. Derrière eux, Jamie xx s’en donnait à cœur joie aux platines, alternant entre les programmations électroniques et les percussions. Le décor, simple et élégant, donnait au concert une facture visuelle fort réussie: quatre panneaux en miroir, lumineux, qui pivotaient au rythme des chansons.

Lentement mais sûrement, The xx a conquis son public en offrant un dosage approprié de nouvelles chansons et d’anciennes. Même si, par moments, le groupe semblait un peu sur le pilote automatique, l’énergie était présente. Celle-ci était toutefois bien canalisée par des rythmiques froides et minimalistes. De morceaux connus comme «Crystallised» (servi avec une tonne de percussions) et «Islands», ayant fait la joie du public, on nous a aussi offert des moments plus intimistes, notamment «Performance», que Romy a interprétée seule à la guitare, dans la pénombre. C’était un joli moment, mais le public semblait quelque peu endormi. Cela aura au moins permis d’apprécier la belle voix de la chanteuse, qui, à défaut d’avoir une présence forte sur scène, offre une authenticité qui fait du bien.

Ce n’est que vers la fin de la prestation que le spectacle a véritablement décollé: en enchaînant «Infinity», avec une superbe finale rock en crescendo, «VCR» et «Dangerous» (qu’Oliver a dédiée aux célibataires), The xx venait de gagner son public. On sentait enfin l’énergie se propager. Les gens n’hésitaient plus à se déhancher. La soirée était en train de basculer en savoureuse fête dansante où tous chantaient les paroles sans aucune gêne.

Le meilleur moment de la soirée est venu lors de «Shelter», qui avait été réarrangée en version dance. Les voix de Romy et d’Oliver ne faisaient qu’une, le jeu de lumière des panneaux miroitants accompagnait le dynamisme du moment. Le tout s’est terminé par la délicieuse «Loud Places», tirée de l’album solo de Jamie xx. Ce dernier, en bon chef d’orchestre, a transformé le parc Jean-Drapeau en piste de danse géante en allongeant le mix de la chanson. Pendant ce temps, les panneaux-miroirs brillaient de toutes les couleurs de l’arc-en-ciel, c’était fort joli à voir.

Pour maintenir la cadence dansante et rythmée, la musique house se poursuivait en fond sonore pendant que le public réclamait un rappel. Celui-ci fut fort solide. The xx avait gardé ses meilleures cartes: une version longue d’«On Hold», l’instrumentale «Intro», qui reste encore la pièce la plus connue et la plus appréciée du groupe, et la très tranquille «Angels», cet hymne à l’amour qui a conclu la soirée. C’était la manière la plus logique de conclure le concert: par un appel à l’amour. Tous sont rentrés à la maison le cœur léger, en sachant très bien qu’ils venaient de passer un moment tout spécial.

Deux jours après les attentats de Manchester, ce message de paix était fort bienvenu.