MusiqueCritiques d'albums
Crédit photo : Duprince
1. Revenir
Jacques «Jacobus» Doucet, le célèbre barbu de Radio Radio, l’ex-Jacobus et Maleco propose enfin un premier album solo, drôlement nommé Le retour. Peut-on revenir sans avoir jamais quitté? Mais, pour ses fans de la première heure, cette idée de revenir avec un premier album n’est pas si farfelue. En effet, force est de constater que dans les deux derniers opus de la formation rap électro, on assistait tranquillement à la disparition du grand Jacobus (plus fortement marquée dans le très (trop) clinquant Light the Sky. Il revient donc bel et bien avec un ensemble rond et cohérent où l’on semble retrouver son essence, ou du moins ce qu’on avait commencé à connaître de lui.
2. Jacobus and Friends
Il ne revient pas seul, Jacobus; il revient avec de nombreux amis, Arthur Comeau le premier, et que nous sommes très heureux de retrouver. Le maître du beat et des ambiances, grand disparu de Light the Sky, est ici de retour avec ses rythmes intoxicants et uniques, toujours aussi musicalement complice avec le grand brun. Avec deux albums solos derrière la cravate, Comeau a offert un écrin remarquable à l’univers de Jacobus. L’osmose est totale, comme dans «Gone sur (une) trip», une symbiose parfaite qui s’incarne réellement dans toutes les pièces du Retour. On découvre alors un Jacques Doucet sous toutes ses facettes et avec tous ses complices, dont Joseph Edgar sur «Boys de brosse», la plus «Radio Radio» de toutes les pistes de l’album, ver d’oreille s’il en est un.
3. Magie
Luc Langevin fait également une apparition dans la bande à Jacobus. Surprenant dans «Magie contemporaine», un tribut sincère à la passion de Jacobus pour la magie, et un invité très représentatif de la diversité de l’univers jacobien que l’on apprend à découvrir tout au long de l’album. Cet univers est aussi entièrement assumé et dépeint dans les textes qui valent la peine qu’on s’y attarde et qu’on les écoute jusqu’à en comprendre chaque phrase (exercice ardu pour ceux qui ne parlent pas le chiac, mais ô combien satisfaisant vu ce qu’on y découvre au final).
4. Kaléidoscope
Le Retour de Jacobus se décline comme la vue intérieure d’un kaléidoscope qui pivote à l’infini. Dans un prisme, les pièces comme «Robot mécanique» se posent en rupture avec la tonalité dominante de l’album, entre le rap et l’électro, entre le gros fun et le gros sérieux. Un morceau qui montre l’autre visage de Jacobus. Une incartade plus engagée sur le plan des textes et plus expérimentale au niveau de la musique. «Chuis une machine entourée de business men, comme un robot…» À l’opposé, «Unbelievable» s’offre comme l’ultime toune de char en prévision pour l’été qui va finir par arriver, avec des paroles plus light et des beats plus plastiques.
5. Rappel
Peu d’albums nous donnent l’envie d’un rappel, et c’est pourtant ce qu’il nous reste au son de la dernière note de Le Retour de Jacobus. On en redemande puisqu’il nous semble que ce n’est là que le début de la construction d’une persona musicale qui s’érige aussi bien (sinon mieux) en solo qu’en groupe. Doucet a su bien s’entourer et se donner les moyens de cet épanouissement artistique qui lui va bien. On constate bien qu’il n’est pas allé à fond dans cet exercice de personnalisation, qu’il aura peut-être voulu garder le plus intact possible son fanbase, et pourtant on ne lui en veut pas une seule seconde, même qu’on salue bien bas son retour.
Le relaunch du «Retour de Jacobus» se tiendra ce mercredi 17 mai au Bleury Bar à vinyles.
L'événement en photos
Par Duprince et Jimmy Chicaiza
L'avis
de la rédaction