«L’enfant qui n’avait jamais vu une fleur» d'Andrée-Anne Gratton et Oussama Mezher – Bible urbaine

Littérature

«L’enfant qui n’avait jamais vu une fleur» d’Andrée-Anne Gratton et Oussama Mezher

«L’enfant qui n’avait jamais vu une fleur» d’Andrée-Anne Gratton et Oussama Mezher

Des sujets sensibles pour toucher et susciter le dialogue avec nos enfants

Publié le 5 mai 2017 par Marie-Michèle Martel

Crédit photo : Éditions de la Bagnole

Suite au succès de Deux garçons et un secret d'Andrée Poulin et Marie Lafrance, les Éditions de la Bagnole agrandissent la collection «La vie devant toi» avec L’enfant qui n’avait jamais vu une fleur d'Andrée-Anne Gratton et Oussama Mezher. Cette collection aborde des sujets plus sensibles afin de toucher les enfants et d'ouvrir la discussion avec eux. Dans ce nouvel album, les créateurs combinent leurs talents pour aborder le délicat sujet des camps de réfugiés.

Samia est né dans un camp de réfugiés. Elle ne connaît pas la vie à l’extérieur de celui-ci, comme les quatre garçons qui habitent la tente voisine. Heureusement, son quotidien est parsemé des anecdotes de la vie de son voisin âgé, Mayi. Un jour, celui-ci se rend compte que Samia n’a jamais vu une fleur. Secoué, Mayi souhaite lui montrer une fleur, mais il devra faire preuve de sacrifices.

L’enfant qui n’avait jamais vu une fleur véhicule un message puissant. Signé par Andrée-Anne Gratton, auteure jeunesse prolifique, ce texte aborde de nombreux thèmes qui vous permettront d’ouvrir la discussion avec vos enfants. Le grand message de cet album est qu’il ne faut rien prendre pour acquis. Tout le monde devrait pouvoir profiter des beautés de la Terre. Ce n’est pourtant pas le cas.

Alors, qu’une fleur nous semble si banale, elle n’est pas accessible à tous comme l’eau courante.Il s’agit d’un bel album pour montrer à vos enfants que tous n’ont pas leur chance.

Même si le fait de ne rien tenir pour acquis est le thème principal, la notion du présent est aussi intéressante à explorer. On parle souvent de profiter du moment présent. Les objets peuvent nous attacher à nos souvenirs. Toutefois, ils ne sont pas nos souvenirs. Le personnage de Mayi, l’homme âgé, renonce à un objet et non à ses souvenirs pour permettre à Samia de profiter du présent en lui donnant une fleur. Il fait preuve de sacrifice pour le bien-être de l’autre.

Si le texte d’Andrée-Anne Gratton est empreint de douceur, certaines parties de l’histoire semblent sous-exploitées, par exemple, les personnages de quatre garçons de la tente voisine. Ils sont à peine présentés, si bien qu’on se demande s’il était essentiel de les évoquer. Un autre sujet sous-exploité est le sort des enfants-soldats. Évidemment, un album n’est pas un lieu pour décrire un sujet complexe. C’est pourquoi on peut se demander s’il était nécessaire de mentionner qu’il s’agissait d’un jeune garçon? La dimension de l’âge devait-elle obligatoirement être soulevée? Il n’en demeure pas moins qu’il s’agit d’une porte ouverte pour discuter avec les plus grands de ce sujet sensible.

N’aurait-il pas dû être un personnage effacé, un instrument de l’histoire? Voilà un choix qui est propre à l’auteur. Et même si le sujet des enfants-soldats n’est pas développé, il s’agit d’une belle occasion d’aborder le sujet avec vos plus vieux, curieux de tout connaître.

Les illustrations d’Oussama Metzher ont des traits simples, mais rendent les personnages attachants. Samia a un visage si doux qu’on y voit l’innocence et l’ignorance des enfants qui n’ont encore rien vu. De plus, le traitement des illustrations donne l’impression que les personnages sont entourés d’une aura floue. Celle-ci montre que, malgré leur situation difficile, ils gardent le moral. Ainsi, le camp n’est qu’un décor qui ne peut dicter leurs souvenirs.

L’enfant qui n’avait jamais vu une fleur véhicule un message puissant sur les objets banals du quotidien. Si les fleurs ornent aux platebandes, elles ne sont pourtant pas accessibles à tous, dans toutes les régions du monde. Bien entendu, les fleurs ne sont qu’un symbole pour montrer les faiblesses dans l’égalité des humains.

Les albums de la collection «La vie devant toi» mettent de l’avant des sujets plus complexes. Vous pourrez ainsi développer des échanges plus sensibles avec vos enfants. L’enfant qui n’avait jamais vu une fleur est incontournable pour ouvrir les horizons de vos enfants.

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