SortiesCirque
Crédit photo : Tristram Kenton
Il Ritorno (le retour) est inspiré de l’opéra Il ritorno d’Ulisse in patria de Claudio Monteverdi. Celui-ci explore les derniers moments de L’Odyssée d’Homère, plus spécialement l’après-guerre et le retour d’Ulysse auprès de son épouse. Cependant, cette présentation déborde largement du spectre de l’opéra et de la Grèce antique: Lifschitz y incorpore du folk, de l’électro, des acrobaties ainsi que des musiciens qui jouent, sur scène, tandis que les gymnastes exécutent la chorégraphie.
Une idée originale dont le principal intéressé, le directeur de la troupe Circa, Yaron Lifschitz, n’a pu retracer la naissance. «Comment est-ce qu’une personne développe une idée? Je ne sais pas… Une idée survient par elle-même, je ne sais pas d’où elles viennent!»
Cependant, il a su expliquer le concept derrière le spectacle qui sera présenté à la TOHU: «Il Ritorno est basé sur l’opéra de Claudio Monteverdi, Il ritorno d’Ulisse in patria, qui traite du retour d’Ulysse, vingt ans après la guerre de Troie. Cela couvre la fin de cette période. Mais on ne relate pas cette histoire dans son entièreté; on se concentre sur quatre moments importants de ce récit, quatre morceaux de musique. L’accent est mis sur Ulysse et son épouse Pénélope. L’histoire raconte le retour des gens, des réfugiés, ceux qui ont dû quitter leur pays, peu importe la raison. Ulysse sert de prétexte. Les retours, tout comme la musique, se répètent. Ce n’est pas tant une pièce qu’une expérience. Sur scène, il y a sept acrobates, deux chanteurs et quatre musiciens. Mais le thème central est réellement les retours, les essais et les retours.»
L’actualité fut également une source d’inspiration pour lui. «Cette époque est compliquée… Il est intéressant de constater ce qui a motivé l’écriture de ce récit créé à Venise (lieu où fut conçu l’opéra) et de voir que cette histoire ancienne rejoint toujours les gens aujourd’hui, et ce, de la même façon. Les choses n’ont pas changé, seulement les chiffres, qui sont plus élevés. Beaucoup de gens au mauvais endroit.» Il fait remarquer que le cirque n’est pas l’endroit désigné pour parler de politique et qu’il mise sur l’expérience du spectateur.
Pourquoi, selon lui, cet amalgame de mythologie grecque, d’acrobatie, d’opéra et de cirque fonctionne aussi bien? «Je pense que le cirque et l’opéra sont deux médiums empreints de virtuosité, très puissants, mais qui contiennent aussi beaucoup de clichés. Quand on les fait se parler ensemble (le cirque et l’opéra), ils doivent savoir comment bien s’entendre et trouver un moyen de communiquer. Je crois que c’est intéressant et puissant. Cela libère une énergie, mais cela veut aussi dire qu’il faut briser certaines frontières et des conceptions. Ce n’est pas une formule. Il ne faut pas penser en termes de chiffres, se demander si les gens vont applaudir à ce moment-ci ou à un autre. C’est une oeuvre artistique… cette pièce est puissante et déprimante à la fois, très connectée aux émotions.»
Le directeur artistique reconnaît que l’acte de diriger des musiciens, des chanteurs et des acrobates constituait tout un défi. «Diriger est toujours difficile. Les choses ne se passent pas nécessairement comme on le voulait… Ceci est la deuxième version du spectacle, et ce, malgré le fait que la première fut un succès. Mais je n’étais pas satisfait, cela ne correspondait pas à l’expérience désirée, alors je l’ai refait. La pièce ne communiquait pas ce que je voulais communiquer. Mais lorsque l’on travaille avec des personnes fantastiques, et c’est le cas, les choses prennent tout leur sens.» Mais rien n’est statique: au moment où cette entrevue a été réalisée, Yaron Lifschitz supervisait une répétition et modifiait encore des éléments de la mise en scène.
Par ailleurs, la scénographie sera particulièrement épurée: un long mur, aucun accessoire et des costumes simples complémenteront de façon symbolique la chorégraphie des acrobates. Bien que très heureux d’être de retour à Montréal, il est tout de même effrayé d’offrir un spectacle dans la province qui a vu naître le Cirque du Soleil et le Cirque Éloize. De plus, il est conscient qu’il est possible que cette présentation plutôt avant-gardiste ne plaise pas au public. Il a expliqué que lors des représentations précédentes, l’année dernière, il avait du mal à juger les réactions de la foule, celle-ci étant silencieuse et attentive, donc très peu démonstrative. Pourtant, le public a adoré et plusieurs critiques sont fort élogieuses.
Cependant, peu importe l’accueil que recevra Il Ritorno, son but demeure le même pour toutes ses créations: concevoir une œuvre authentique afin de communiquer avec justesse des idées et des émotions. Ce que l’auditoire en retirera lui appartient après tout.
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L'événement en photos
Par Tristram Kenton