LittératureRomans québécois
Crédit photo : Mathieu Fortin
Angliscismes, vulgarités, humour noir, portrait-type de la société des vingt ans et sexualité exacerbée, le premier roman du jeune Alexandre Soublière possède tous les ingrédients nécessaires à la construction d’un cocktail Molotov dangereusement explosif. Situé dans la même veine que les auteurs trash Stéphane Dompierre et Sylvain Houde, Soublière donne ici naissance à une œuvre éclatée qui s’avère le reflet de la jeune société québécoise.
Les protagonistes, Sacha et Charlotte, ressemblent aux adolescents qui, tranquillement, seront notre avenir. Même si leur passe-temps favori c’est d’entrer par effraction chez de purs étrangers et de s’adonner aux joies de l’ivresse et de la drogue, il va sans dire que malgré leur irrespect de la vie d’autrui, Sacha, Charlotte et leurs drôles d’amis ne sont pas uniquement des gens mal intentionnés.
Leur joie de vivre et leurs trips d’insouciants à la Trainspotting s’expliquent en fait par leur incapacité à accepter la réalité telle qu’elle est. Ici et là, leurs agissements, leur colères, leurs chicanes, leurs excès de jalousie et leurs infidélités ne sont que les pourtours clairsemés d’une vie menée à fond de train, sans arrière-pensée et sans regret pour le lendemain.
Roman de la crise identitaire, de la jeune modernité insouciante et de la vie sociétale québécoise, Charlotte Before Christ est le miroir d’une jeune cohorte d’enfants-rois influencés par la toxicomanie, les réseaux sociaux et les difficultés amoureuses. Alexandre Soublière nous plonge avec habileté dans un univers semblable à celui auquel les jeunes adultes sont, hélas!, confrontés, en usant d’un vocabulaire éclaté, gorgé d’anglicismes et de d’expressions bas de gamme, signe du dépérissement de la langue française.
L’aventure abracadabrante de Sacha et Charlotte, c’est une histoire un peu (pas mal) tirée par les cheveux, et malgré ses ressemblances avec celle d’Harry (Jared Leto) et Marianne (Jennifer Connely) dans Requiem for a Dream, celle-ci met en scène, à la différence de l’autre, des protagonistes passionnés par la vie, l’amour et les arts.
«Charlotte Before Christ», Les Éditions du Boréal, 215 pages.
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de la rédaction