ThéâtreCritiques de théâtre
Crédit photo : Nicolas Descoteaux
Alors qu’elle tente d’avancer sa thèse de doctorat sur laquelle elle planche depuis quatre ans, Caro voit entrer chez elle son ami Daniel, puis Guillaume, avec qui elle a entretenu une relation à laquelle elle a mis fin, alors qu’il est encore épris d’elle. Ça ne prendra pas de temps qu’Élise débarquera à son tour; après tout, c’est la fête de Caro, il faut bien faire le party! Daniel a d’ailleurs amené tout son matériel: «DJ Hong Kong is in the houuuuse!», répétera-t-il, pour mettre de l’ambiance et faire lever la soirée. Mais la vérité, c’est que personne n’est réellement là pour l’anniversaire de Caro.
Dans cette soirée qui rend presque mal à l’aise, cette réunion où personne ne semble réellement vouloir aller à la rencontre de l’autre qu’on dit pourtant son ami, chacun est pris par sa quête individuelle et ne voit pas plus loin que le bout de son nez. L’un veut être reconnu et encensé pour sa musique, un autre veut être aimé par celle qu’il aime, une veut réussir à séduire et l’autre veut prouver son importance et sa supériorité sur les autres, tandis que la dernière enfin veut oublier sa vie misérable et fuir dans un bonheur, aussi éphémère soit-il.
Tous autant qu’ils sont semblent être atteints de TDAH, incapables de se concentrer sur un sujet ou une action, déviant constamment la conversation vers un besoin ou un désir nouveau, afin d’apaiser une pulsion. Ils parlent, ils parlent, mais pourtant, aucune idée n’est élaborée et de mêmes phrases ou expressions sont répétées ici, là, et là encore, comme pour prouver leur manque d’écoute; surtout pour montrer qu’on reste en surface et qu’aucun sujet n’est fouillé en profondeur.
Si le message est clair, il faut quand même avouer que cela donne un spectacle qui laisse quelque peu sur sa faim; on voudrait davantage de chair à se mettre sous la dent. Malgré tout, les épisodes musicaux du fameux DJ Hong Kong sont plutôt épiques, et les comédiens sont beaux à voir s’éclater en dansant. Si Sophie Cadieux se démarque du lot avec son énergie magnétique, Maxime Denommée aussi tire bien son épingle du jeu, bien qu’il ne nous ai pas habitués à des rôles aussi déjantés et énergiques. La distribution éclectique, complétée par Karine Gonthier-Hyndman, Mickaël Gouin, Francis Ducharme et, hors du groupe d’amis, la mystérieuse Larissa Corriveau, est bien représentative d’un groupe d’amis qui n’a peut-être plus d’intérêts communs comme avant, après tout.
Malgré les apparences, puisqu’ils sont supposément réunis ensemble pour l’anniversaire de Caro, ces personnages n’ont pas de quête commune et n’avancent pas au même diapason. Si les épisodes de l’oiseau blessé qui ponctuent la soirée peuvent sembler sans intérêt – elles deviennent redondantes en effet –, il faut plutôt les voir comme le seul sujet où ils sont encore à la même place et à la même page. Devant la douleur d’un petit être animal, leurs cœurs et leurs esprits se rejoignent enfin, mais devant la souffrance humaine, ils ont évidemment la fuite facile.
Faut-il voir là un miroir déformant de la génération Y ou plutôt une fenêtre éclairée? Dans tous les cas, ce party qui ne lève pas laisse une certaine impression de malaise.
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Par Nicolas Descoteaux
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