ThéâtreCritiques de théâtre
Crédit photo : Marlène Gélineau-Payette
Le fil conducteur est plutôt aisément identifiable: les membres d’une famille de classe moyenne sont la vedette de quelques vignettes ayant lieu à diverses époques, des années 1960 à aujourd’hui, dans lesquelles leurs valeurs et leur situation financière sont présentées à travers des dialogues plutôt juteux. Pour bien marquer le temps qui passe, d’autres scènes nous présentent des petites vidéos ou des extraits sonores plus documentaires, bourrées d’observations et de citations de sociologues reconnus.
À voir la façon profondément investie dont le public riait des quelques moments humoristiques, on suppose que la pièce a été perçue comme une comédie auprès de ses spectateurs. Les gens venaient pour s’esclaffer et allaient rire coûte que coûte. Les nombreuses contradictions des personnages de la classe moyenne étaient soulignées avec une douce ironie, mais généraient quand même de francs éclats de rire.
Il y a, selon vos préférences, des tableaux moins intéressants que d’autres dans Extramoyen, et les nombreuses ruptures de ton en alourdissent quelque peu le rythme, mais la pertinence de la démarche est indiscutable.
Les comédiens qui se partagent les rôles (Mounia Zahzam et Christophe Payeur jouent les enfants, et Marie-Thérèse Fortin et Jacques l’Heureux les parents) profitent d’un casting impeccable, et s’adaptent selon les époques à de nouveaux costumes, ou de nouvelles attitudes. Il y a des segments proprement hilarants, dont celui qui dépeint une rencontre avec un ministre qui doit élégamment refuser d’allouer un budget à quoi que ce soit, et qui multiplie les répliques, entre le lieu commun et le cliché, avec un excellent effet.
Malgré de sympathiques tableaux familiaux, d’informatives mises en contexte et des rappels historiques, le résultat final manque un peu de cohésion, et on a du mal à en tirer une synthèse cohérente. Les intentions des créateurs sont probablement très nobles, mais quelque part en cours de route, le spectateur s’égare et ressent une envie presque irrépressible de regarder sa montre.
L'événement en photos
Par Marlène Gélineau-Payette
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