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Crédit photo : Xavier Curnillon
Avec son solo 30 x 30 (2006), Paul-André Fortier a voyagé dans le monde en dansant 30 jours de suite son même solo de 30 minutes. Sur le même modèle, et près de 10 ans plus tard, Paul-André Fortier écrit pour Simon Courchel, danseur français, 15 X LA NUIT. Le solo est présenté en première à Poitiers (France), puis à Tokyo (Japon) – avec Manuel Roque – en 2014.
Cette année, c’est le danseur d’origine chinoise Naishi Wang qui investira la Place des festivals de Montréal. Rencontré à The School of Toronto Dance Theater, l’ancien étudiant de Paul-André Fortier prendra le relais pour danser 15 soirs consécutifs. «Le solo est conçu pour être dansé sur une place publique, sans musique, sans éclairages et peu importent les conditions météorologiques», explique le chorégraphe.
Une partition unique
Si l’on peut penser qu’une pièce in situ s’adapte toujours au lieu dans lequel elle s’inscrit, 15 X LA NUIT semble avoir bien au contraire un grande constance en termes de chorégraphie pure. «Le danseur apprend la partition telle qu’elle a été créée pour la première série de représentation». La danse est le pilier central autour duquel le reste tourne. Même si la chorégraphie est identique chaque soir, Paul-André Fortier ajoute que «tout finit par avoir une incidence sur l’état dans lequel le danseur est. La ville a sa propre partition».
Un espace défini sur la place publique
La Place des festivals est immense, les constructions autour s’élèvent vers le ciel, et le plafond est inexistant. Alors, comment créer l’espace de la danse dans cette étendue urbaine? «Pour le solo, le danseur construit son espace dès le début en déposant par terre des tubes de métal blancs. Il marque son territoire. Le public comprend qu’il doit se tenir en dehors de ce périmètre.» Bien que le soliste reste dans le cadre avec une partition constante, la ville nocturne continue de vivre. «Nous n’avons aucune emprise sur tout ce qui bouge autour. Même si la chorégraphie ne se modifie pas, l’environnement est toujours neuf. C’est pour moi une idée très excitante. L’interprète doit composer avec tout cela: le nombre de spectateurs, la température, les bruits urbains, les sirènes… En cela, la pièce est toujours unique.» Associée au projet en tant que diffuseur, l’Agora de la danse pourra regarder son spectacle du haut de l’édifice Wilder. Pas mal non?
Et la danse?
Seul dans son espace – au croisement des rues Jeanne-Mance et Ste-Catherine Ouest, non loin du quartier chinois – Naishi Wang sera entouré de spectateurs de tout horizon. Certains auront mis le rendez-vous à leur agenda, d’autres seront de passage, improbables, mais présents au bon endroit, au bon moment. «Compte tenu de la rencontre directe avec le public présent dans le moment, la danse est relativement abstraite et s’adresse à tout le monde, autant aux habitués de la danse contemporaine, qu’à Monsieur et Madame Tout-le-Monde. Le danseur a une grande maîtrise du vocabulaire. Je crois que voir un danseur en pleine possession de ses moyens réjouit les spectateurs. Inconsciemment, l’observateur vit une expérience physique et la virtuosité du danseur nous interpelle, nous fait danser.»
Qu’il pleuve, qu’il vente, qu’il neige, Naishi Wang sera là tous les soirs à la même heure, au même endroit. Ne reste plus que l’environnement nocturne et urbain de Montréal fasse vivre avec magie la danse de Paul-André Fortier dans le corps de Naishi Wang. Nous passerons… plus ou moins par hasard!
L'événement en photos
Par Xavier Curnillon et Hugo Glendinning