ThéâtreCritiques de théâtre
Crédit photo : Josée Lecompte
Écrites par Olivier Morin et Guillaume Tremblay entre 2011 et 2015, les trois pièces qui composent la Trilogie du futur pourraient difficilement être classées dans la catégorie de la science-fiction, même si elles se déroulent dans le futur, mais leur aspect spéculatif les fait assurément sortir du lot, et il ne serait pas inexact de les qualifier de «carrément uniques».
Prises individuellement, elles sont des exercices de haute voltige, mélangeant un ton délicieusement absurde et des idées hors normes (et très farfelues) à propos du sort de quelques personnalités québécoises bien connues. Il y a bien entendu de nombreux segments musicaux qui, lorsqu’ils ne nous font pas pratiquement hurler de rire, font en sorte qu’un sourire appréciateur quitte rarement notre visage béat.
Parce que derrière la façade d’une excellente démonstration de spécula-dramaturgie, il y a le talent brut et sans limites du metteur en scène Olivier Morin, qui chante, danse, joue de plusieurs instruments, et fait des imitations fort réussies (particulièrement Gilles Duceppe et Jean Leloup). Son acolyte Guillaume Tremblay et lui sont stupéfiants, et jouent des rôles principaux dans les trois pièces. Un véritable tour de force du chapeau.
Comme les trois productions ont déjà tâté les planches dans le passé, on connaissait déjà leurs valeurs: L’Assassinat du président est présenté comme un feuilleton radio, et raconte la genèse de l’indépendance québécoise en 2022, menée par Gilles Duceppe; Épopée Nord, un délicieux retournement de situation en faveur des Amérindiens qui se moque douloureusement des Québécois pure-laine, prend la forme d’une soirée canadienne; et Clotaire Rapaille: l’opéra rock, la plus connue du lot, chante lourdement le retour au Québec du fabuleux escroc qui a entourloupé Régis Labeaume en 2006.
C’est en les dégustant en rafale qu’on est frappés par leur unité thématique et la pertinence de leur propos. Les répliques assassines et les boutades audacieuses se succèdent à un rythme infernal, et l’intérêt du spectateur ne vacille pas en cours de route.
Croyez-vous que trois pièces de suite, c’est trop? Pas nous. Car nous en aurions pris une quatrième avec plaisir.
Il est important de souligner l’aspect musical des pièces, supervisé par Navet Confit (parfois rejoint sur scène par Ariane Zita et Mat Vézio), et qui agit comme moteur dans plusieurs segments. Les mélodies sont pénétrantes et immédiatement contagieuses, et les pastiches de paroles absolument réussies.
La critique sociale est un art difficile, mais les membres du Théâtre du Futur le maîtrisent parfaitement. Acerbes, festives et incontournables, les pièces de la trilogie sont des classiques en devenir, dont les textes sont d’ailleurs disponibles aux Éditions de Ta Mère.
C’est un item de notre bucket list qui a été coché après avoir eu l’immense plaisir d’assister aux trois productions la même journée, et le prochain item de la même liste, c’est que la trilogie devienne une quadrilogie.
L'événement en photos
Par Josée Lecompte et Dominique Bernier
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