LittératurePolars et romans policiers
Crédit photo : Éditions de La Martinière
D’emblée, le roman de Parsons s’ouvre sur les derniers moments de la vie des membres de la richissime famille Wood; les deux parents, Brad et Mary, ainsi que les deux adolescents Marlon et Piper, ont été sauvagement tués dans leur demeure située à Highgate, au sommet de Londres, le soir du Jour de l’an.
Qui a bien pu leur donner la mort? Pour quels motifs? Et où se trouve le cadet de la famille, Bradley? Ce sont toutes des questions que le lecteur se pose tout comme le personnage principal, aussi narrateur, l’enquêteur Max Wolfe.
Tous les soupçons sont tournés rapidement vers celui que l’on a appelé «l’Exécuteur», l’auteur d’un quadruple meurtre sordide qui a eu lieu il y a trente ans. Plusieurs éléments semblent le lier à ce crime, notamment l’utilisation d’une arme peu commune pour abattre des gens…
À travers cette enquête policière qui nous tient en haleine du début à la fin, l’auteur réussit à illustrer plusieurs thématiques sociales. Par exemple, la hiérarchie sociale est clairement imprimée dans l’histoire terrible de la disparition du petit Michael McCarthy, issu d’un milieu défavorisé: son cas n’a pas connu l’attention médiatique de celui des riches Wood. D’où le fossé social patent dans le traitement que l’on réserve aux individus dans la société.
D’ailleurs, on n’hésite pas à souligner le caractère très inégalitaire de Londres, capitale du Royaume-Uni, marquée par son nombre impressionnant de milliardaires et par sa division nette entre très riches et pauvres. En fait, le détail de la géographie des lieux et la mise en contexte de la mégapole actuelle nous permettent de nous situer et d’évoquer encore plus d’images lors de la lecture du livre. Notons que Tony Parsons prend le temps de nous expliquer les différentes divisions de la police londonienne avec notes de bas de page en prime.
Sur le plan littéraire, le réalisme des horreurs décrites – qui nous viennent en tête rapidement – procure des sentiments réels chez le lecteur. L’auteur Des garçons bien élevés, son précédent livre, réussit à nous amener à la colère, au dégoût, à l’écœurement, même si on ne se trouve pas ici dans le détail scabreux. Le travail du traducteur Pierre Brévignon est aussi à souligner. La brillante construction syntaxique (autre élément qui s’ajoute à cette efficacité) et la limpidité réjouiront ceux qui sont parfois rebutés par les mauvaises traductions.
Véritable page turner, Les Anges sans visage épouse parfaitement le genre littéraire qu’est le polar et ne réinvente donc pas la roue. Sauf que l’intégration de phénomènes sociaux incontournables à une enquête policière plus que troublante rehausse cette histoire véritablement captivante.
«Les Anges sans visage» de Tony Parsons, traduit de l’anglais par Pierre Brévignon, Éditions de La Martinière, 2016, 352 pages, 34,95 $.
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de la rédaction