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Crédit photo : Théâtre du Rideau Vert
C’est pour une quatrième année qu’Alain Zouvi signe la mise en scène de la pièce. Bien assis dans la salle, c’est le regard amusé qu’il a admiré son travail jusqu’à la fin de la représentation. D’ailleurs, ça en était une bonne. Avec René Brisebois comme script-éditeur et la participation des auteurs Jean-Philippe Durand, Simon Leblond, Nadine Massie ainsi que Pascal Roberge, le texte saturé de coups vicieux ne manquait pas de croustillant.
Plus d’une vingtaine de situations marquantes de l’année 2016 ont été reprises par une distribution sélecte dont plusieurs de ces acteurs sont rendus de grands habitués du concept. C’est Amélie Grenier, Martin Héroux, François Maranda, France Parent, Julie Ringuette et Marc St-Martin qui se sont lancé la réplique pour cette édition-ci.
La pièce décolle (et restera dans les airs) à l’aide de la personnification plus que parfaite de la directrice artistique du Théâtre du Rideau Vert, la sainteté Denise Filiatrault, incarnée par l’acteur Marc St-Martin. Lui qui en est déjà rendu à sa 11e édition a permis à la pièce de garder une certaine stabilité lorsqu’elle semblait s’éloigner, notamment avec l’aide des apparitions spontanées de ce personnage qui ramenait ses «agneaux» sur le droit chemin.
Par la suite, on revisita, entre autres, les selfies abusifs d’un Justin Trudeau au «chest de prince» bien rodé par François Maranda, un Donald Trump (Martin Héroux) et son faible vocabulaire digne du populisme qu’il prône, l’émission Célibataire et nue où Julie Snyder (Julie Ringuette) ainsi qu’Anne-France Goldwater (Amélie Grenier) se sont dévêtues, comme elles le font si bien dans les médias, ainsi que la légende du burkini compté par un Fred Pellerin personnifié par Martin Héroux, qui faisait «faflouche».
L’intelligence humoristique derrière chaque parodie nous permettait de nous dire que «ça avait dont pas d’allure». C’est d’ailleurs un but intéressant de la pièce que celui de permettre au public d’avoir un regard extérieur, et ce, plus enclin à une analyse juste de certaines situations à caractère sensible. Nous avons pu rire d’un Mike Ward (Marc St-Martin) participant à Opération Enfant-Soleil qui ne mâchait pas ses mots envers les enfants malades, puis de l’épidémie de la maladie Zika à l’aide d’un moustique en spandex, incarné par Martin Héroux. S’ensuivent alors plusieurs autres sketchs à saveur surette.
Le moment fort de la soirée fut certainement l’apparition de Mary Poppins, personnifiée par la talentueuse imitatrice Julie Ringuette, qui a fait danser nos politiciens libéraux à l’aide de sa formule «super-colon-coupeur-de-fons-effronté-et-odieux». Probablement le numéro le plus long du spectacle, mais également le mieux accueilli.
C’est à une vitesse fulgurante et remarquable que se sont enchaînés sketchs et jeux de mots faisant ressortir tout le malaise pouvant être tiré de chacun. Malgré un certain va-et-vient quelquefois essoufflant, le concept Revue et corrigée reste un classique où il fait bon se dilater la rate et de se remémorer quelques passages absurdes de l’année qui se termine.
Au fond, ce n’est pas ça l’humour: de la spontanéité intelligente et par le fait même décousue?
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Par Théâtre du Rideau Vert
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