Martha Wainwright avec Groenland et Joe Grass au Théâtre Rialto – Bible urbaine

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Martha Wainwright avec Groenland et Joe Grass au Théâtre Rialto

Martha Wainwright avec Groenland et Joe Grass au Théâtre Rialto

Une soirée d’ouverture variée pour M pour Montréal

Publié le 17 novembre 2016 par Alice Côté Dupuis

Crédit photo : Mathieu Pothier

D’un musicien discret mais doué, qui créé des atmosphères complexes et planantes, à une auteure-compositrice-interprète de grande expérience qui est au sommet de son art, en passant par un sextuor dynamique et entraînant, il faut avouer que la soirée d’ouverture du 11e festival M pour Montréal en a fait voir de toutes les couleurs. Mais la palette était riche, et chacun dans son créneau, Joe Grass, Groenland et Martha Wainwright ont offert le meilleur d’eux-mêmes et ont certainement épaté tant le balcon de délégués venus de 19 pays que le parterre plein à craquer d’un public fidèle.

Utilisant la vitrine de M pour Montréal pour lancer son tout nouvel opus, Goodnight City, Martha Wainwright a ouvert sa prestation avec «Around the Bend», le tout premier extrait du disque. Malgré l’enchaînement rapide des spectacles offerts – qui fait généralement en sorte que les artistes parlent peu à leur public et se dépêchent de jouer, tout simplement -, la chanteuse a fait fi de toute pression et a pris son temps pour bien profiter du moment.

À la voir aller, avec son aisance presque pas croyable, ses sacres, sa façon de se tromper, d’en rire et de se reprendre tout naturellement, mais surtout en la voyant sourire en chantant, il ne fait aucun doute que l’artiste est à sa place – à la bonne place -, et c’est pourquoi elle en profite. Racontant ici l’histoire derrière «Traveller», une chanson écrite pour rendre hommage au frère de Thomas Bartlett (son pianiste, claviériste et coproducteur), un ami à elle décédé du cancer à 40 ans, «le premier de ma génération d’amis à mourir de cette unfair disease», et là, donner le crédit de ses textes aux auteurs qui lui ont écrit des chansons sur ce disque, dont sa cousine Lily Lanken (aussi présente sur scène comme choriste) et sa tante Anna McGarrigle, Wainwright s’est montrée d’une grande générosité envers le public, et d’une belle simplicité, comme à son habitude.

Alors qu’on aurait pu croire qu’elle profiterait de l’occasion pour rendre hommage au regretté Leonard Cohen, un ami de la famille qu’elle a côtoyé, c’est plutôt à Gerry Boulet qu’elle a accordé son attention, en reprenant «Ayoye», un titre qu’elle avait repris à sa façon sur la trame sonore de la série télévisée Trauma, non sans une dédicace particulière: «Ça, c’est pour Safia [Nolin]!». Il faut avouer que malgré la grande beauté de son interprétation en solo de la pièce, il est audacieux pour une artiste au répertoire anglophone de s’aventurer en français dans un festival où le public parle majoritairement anglais, puisqu’il vient d’un peu partout dans le monde.

Si elle a eu de la difficulté à commencer «Piano Music» et s’est reprise à quelques reprises, elle a néanmoins offert de belles prouesses vocales, et sa douce interprétation fût magnifique. Elle a aussi réussi à toucher durant «Francis», un morceau composé par son frère Rufus Wainwright, à propos de son fils à elle, et qu’elle a livré seule avec le pianiste. Finalement, là réside tout le charme et le pouvoir de Martha Wainwright en spectacle: la liberté avec laquelle elle se présente sur scène, son intensité, son authenticité et son naturel, qui mènent à des prestations imparfaites mais qui deviennent parfaitement envoûtantes, à tout coup.

Groenland

«We’ve been told to speak a little english, but we’ve also been told to never speak english in our shows, so we’re fucked», a rapidement lancé Sabrina Halde, la chanteuse de Groenland, en référence au côté anglophone du festival, mais aussi au drôle d’incident durant un de leurs spectacles qui avait fait les manchettes en 2015. C’est donc visiblement avec bonne humeur que le sextuor s’est présenté sur scène, Halde et le bassiste allant même jusqu’à sauter sur place en chantant et en jouant, comme pour prouver aux délégués la grande énergie dont ils sont capables.

Le bassiste incitera aussi les gens à taper des mains durant «Distractions» (A Wider Space, 2016), une des plus dynamiques du concert, durant laquelle Halde continua à sautiller de plus belle, mais où elle démontra du même coup sa maîtrise vocale impeccable de même que son timbre singulier et son large registre, impressionnants.

Entre «Our Last Shot», «Immune» et «Criminals», des chansons tirées de The Chase, le premier album de la formation, et les «A Wider Space», «Healing Suns» et «Against the Odds» du second qui ont été choisies pour, en quelque sorte, représenter le groupe auprès des représentants d’autres pays, on en déduit que c’est l’étiquette de groupe énergique et très entraînant que Groenland a décidé de s’accoler. Leur performance vivante et leurs pièces dynamiques n’ont pas manqué d’en faire danser plusieurs, bien qu’on puisse trouver curieux qu’une si grande part de leur courte performance ait été dédiée à des chansons du premier disque, alors qu’un tout nouveau est paru récemment.

Malgré tout, les morceaux enlevants, qui font par ailleurs la part belle aux instruments à cordes, et l’énergie débordante des interprètes du groupe auront assurément réussi à attirer l’attention, tout en formant une très belle carte de visite pour Groenland.

Joe Grass

C’est en frottant les cordes de sa guitare électrique avec un archet que Joe Grass a ouvert la soirée, créant un son très atmosphérique, voire cinématographique. Déjà, l’ambiance était installée, et pendant cette longue intro instrumentale, on naviguait en douce apesanteur, dans une lenteur qui fait du bien. Les pièces variées et très bien construites musicalement de Grass épatent, et il est beau de le voir diriger les envolées de ses musiciens (un joueur de saxophone basse et un batteur) avec le manche de sa guitare. Son utilisation maîtrisée de loop pedals et de mélodies préenregistrées contribuent à ses ambiances riches et complexes, et ses longues chansons comme des tableaux nous envoûtent. Son plus récent opus The Rest Will Disappear vaut certainement l’écoute, si l’on se fie à sa performance de mercredi soir.

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  • Martha Wainwright avec Groenland et Joe Grass au Théâtre Rialto
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Par Mathieu Pothier

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