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Crédit photo : Pablo Chilito
Alors que Crystal Castles faisaient son entrée sur le «Requiem» de Mozart, les gens présents se sont mis à hurler, surtout les filles si on se fie aux notes aiguës entendues. Tous semblaient surexcités, artificiellement ou pas…
La formation nous a asséné deux chansons qui bûchent pour bien commencer la soirée, «Concrete» et «Baptism». Du nouveau et de l’ancien. Mais toutes ont fait danser la foule, exaltée. Les jeux de lumière colorés, incessants et frénétiques, dictaient le rythme, c’en devenait presque pénible pour les yeux. Bref, pas une soirée pour les épileptiques…
Entre les flashs lumineux, on pouvait apercevoir Ethan Kath, à droite au-devant de la scène, enclavé par ses claviers et autres bidules électroniques. La chanteuse occupait l’autre côté de la scène, tandis que leur batteur se trouvait à l’arrière, sur son piédestal, juste devant le drapé montrant le visage de Madonna avec un œil au beurre noir, image chérie du groupe depuis des années.
Pour ceux qui ne connaissent pas encore le groupe torontois, Crystal Castles donne dans un style musical un peu difficile à qualifier, une fusion de styles à la limite du cacophonique parfois, mais qui mélange habilement l’électro expérimental avec du synthpunk, du noise et d’autres styles dansants sombres, mais ça ne sonne jamais propret; ils gardent une réalisation très lo-fi et leurs morceaux auraient plus que de la difficulté à se tailler une place dans les clubs de Laval, mettons.
Il fait beaucoup aussi dans l’échantillonnage et les distorsions de voix. Il a également toujours laissé une place à la musique faite de façon plus organique, en privilégiant les instruments aux ordinateurs. Et ça donne un résultat très intéressant, encore plus en concert que sur album. Les spectacles d’électro finissent souvent par lasser, mais pas avec Crystal Castles, qui offre une prestation à tout coup survoltée.
L’énergie du groupe passe beaucoup par la performance de leur chanteuse. Edith Frances, inconnue jusqu’alors du grand public, mérite toute sa place au sein du groupe, fière émule de Glass. Même style, même énergie. Elle occupait bien la scène du Théâtre Corona, bougeait en malade, parfois violemment, quasi théâtrale, mais ça ne semblait jamais fake. Elle a aussi dû se verser les trois quarts d’une caisse de bouteilles d’eau dessus, réservant le reste pour le public en transe.
Vers la fin, la scène avait presque l’air d’une piscine traversée de fils électriques… Pour ce qui est de sa voix, il reste un peu difficile de bien en juger, car les effets de voix sont omniprésents et plusieurs chansons sont plus criées que chantées. On peut dire qu’elle a une voix assez puissante, capable également d’aller dans les nuances lors de morceaux plus calmes. Lors d’une toune, la chanteuse est même allée accompagner son acolyte aux claviers et aux séquenceurs.
Après moins d’une heure de show, on était déjà au rappel, plus tranquille et relevant plus du trip musical que ce qui avait précédé, laissant même à certains moments le lead au batteur. Un concert qui a fait la place belle à leur nouvel album Amnesty, sans pour autant délaisser les anciennes chansons. Une prestation assez brève mais intense, une expérience sonore et visuelle explosive.
Crystal Castles peuvent continuer en paix: les fans vont les suivre dans leur nouvelle mouture.
L'avis
de la rédaction