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Crédit photo : Mathieu Pothier
Débuts underground dans le New York des années 70
La première partie de l’exposition présente les débuts de Mapplethorpe. Établi depuis quelques années dans le New York underground de la fin des années 60, il amorce sa création par le biais de collages, bricolages, assemblages, qui traduisent déjà d’une certaine fascination pour le mysticisme, l’érotisme, et le subversif.
C’est Patti Smith, sa compagne des débuts, son amie intime, son âme sœur, sa muse, qui, la première, reconnaît son talent et le pousse à la photographie. Très présente, elle occupe dans la seconde pièce une place centrale, au milieu d’une galerie de portraits d’artistes new-yorkais des années 70 et 80. L’artiste, étroitement liée à l’intimité et à la carrière de Mapplethorpe, collabore avec lui pour la quasi-totalité de ses pochettes d’albums (dont, entre autres, la photo mythique de la pochette de Horses).
On croise également les visages en noir et blanc d’Andy Warhol, de Yoko Ono, d’Isabella Rossellini, de Philip Glass, ou encore de Louise Bourgeois. Tous sont sublimés, découpés dans une lumière savamment maîtrisée. La pièce, partagée entre portraits, polaroids, mais aussi vidéos d’archives et extraits musicaux, témoigne de l’ambiance d’un milieu artistique underground et effervescent, dans lequel Mapplethorpe semblait évoluer avec l’aisance d’un dandy.
Affirmation personnelle et artistique, Mapplethorpe s’accomplit et marque son époque
L’atmosphère, relativement légère, fait place à un tout autre contexte lorsqu’on est confronté à la seconde pièce, qui présente trois portfolios nommés X, Y et Z.
X est consacré au sexe masculin, à l’homosexualité et au sadomasochisme. Lui-même impliqué dans ces pratiques, l’artiste ne tend pas à choquer, mais simplement à témoigner d’une expérience qu’il magnifie et présente comme objet artistique. Les clichés sont audacieux, explicites et crus, mais toujours saisis avec une visible obsession de la perfection. Robert Mapplethorpe se disait d’abord attiré par la sculpture, mais la photo lui permettant plus de saisir la magie de l’instant, il préféra ce médium. Cet attrait se ressent dans son travail par la précision avec laquelle les corps, souvent sculpturaux et sublimés, se découpent dans les mises en scène. Le rendu est saisissant et ne laisse pas indifférent.
Les deux portfolios suivants, présentés dans la dernière pièce de l’exposition, sont consacrés à deux autres sujets de prédilection de l’artiste: les fleurs, et les corps afro-américains. Il est passionnant de constater comment, d’un sujet dans lequel il semble personnellement impliqué comme d’une nature morte, Mapplethorpe fait de tout ce qu’il photographie une œuvre avant tout esthétique, dans laquelle il recherche la perfection de la forme.
L’œuvre fascine et l’artiste intrigue; l’exposition ravira les amateurs et séduira les néophytes.
À noter également qu’en marge de la rétrospective consacrée à Mapplethorpe, un espace intitulé Être/Aimer donne voix à des témoignages LGBTQA+, jumelés à des œuvres du musée. Une manière de célébrer la diversité et de faire écho à un combat encore d’actualité.
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de la rédaction