«En cas de pluie, aucun remboursement» de Simon Boudreault chez Jean-Duceppe – Bible urbaine

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«En cas de pluie, aucun remboursement» de Simon Boudreault chez Jean-Duceppe

«En cas de pluie, aucun remboursement» de Simon Boudreault chez Jean-Duceppe

Une guerre de succession au goût de barbe à papa

Publié le 12 septembre 2016 par Charlotte Mercille

Crédit photo : Caroline Laberge

Après le succès de la pièce As Is (Tel quel), la prose satirique de Simon Boudreault est de retour au Théâtre Jean-Duceppe avec En cas de pluie, aucun remboursement. Jeux de pouvoir, complots et trahisons s’immiscent entre les manèges et les mascottes du Royaume du Super Fun alors que Louis le Juste surnommé le King songe à l’avenir de son parc d’attractions. Cette trame narrative universelle et prometteuse a toutefois beaucoup de peine à s’extirper du carcan du théâtre d’été dont elle est issue.

C’est le début de l’été et le parc d’attractions Le royaume du Super Fun est en pleine préparation de sa prochaine session.

Terrassé par une crise cardiaque à bord d’une autotamponneuse après avoir mangé de la fondue au fromage, Louis le Juste (Raymond Bouchard) surnommé le King sent le besoin d’assurer sa succession. Gâtée pourrie et égocentrique, Marie-Jeanne la Bien-Aimée (Catherine Paquin-Béchard) est peut-être la favorite de son père, mais plusieurs employés convoitent son héritage. Qui saura se démarquer et conquérir le royaume du King de la place?

Les personnages qui pullulent de partout, les allégeances qui se créent, ça ne vous rappelle pas quelque chose? En cas de pluie, aucun remboursement ressemble étrangement à un épisode de deux heures de Game of Thrones transposé dans la piscine à vagues d’un parc aquatique à moins de 40 minutes de Montréal.

Le décor, imaginé par Julie-Christina Picher, comporte les couleurs pastel délavées des glissades d’eau typiques du paysage estival québécois. Aussi metteur en scène, Simon Boudreault est arrivé à rendre la gravité d’une montagne russe et la puanteur d’une mini-ferme avec un minimum de moyens. La mise en scène, sûrement adaptée pour un spectacle à moins grand déploiement, est toutefois engloutie dans la grandeur du Théâtre Jean-Duceppe.

Le ton de la comédie qu’emprunte la pièce est toutefois la grande faiblesse de l’œuvre. La création du Théâtre de Petit Nord a tourné à Blainville tout l’été avant de migrer chez Jean-Duceppe. Plusieurs blagues parlées dans un joual forcé sont trop faciles, les répétitions comiques sont exécutées à outrance et les personnages-stéréotypes sont très peu développés.

Des comédiens chevronnés comme Raymond Bouchard, Jocelyn Blanchard et Louise Cardinal se partagent les farces sans trop sembler y croire eux-mêmes. En conséquence, les rires dans la salle décollent aussi tard qu’à la toute fin de la première partie.

On se retrouve ainsi devant une comédie atypique qui prend beaucoup de temps à capter l’attention, mais dont les références littéraires demeurent exceptionnelles pour le genre du théâtre d’été.

Quelques moments forts sont tout de même dignes de mention. Les comparaisons farfelues qui font le charme de la plume de Simon Boudreault parsèment la pièce comme la garniture multicolore d’une crème glacée molle. La haute saison des vacances de la construction donne lieu à des échanges musclés entre les comédiens.

Le club des asexuels anonymes d’Henri est aussi hilarant qu’il est inattendu. Le douchebag en titre François Le Bel (Sébastien Gauthier) fait la cour à Marie-Jeanne pour mieux l’influencer à l’aide de pick-up lines dignes du Beach Club de Pointe-Calumet. Enfin, le Bossu (Lucien Bergeron) et ses soliloques rappellent ceux de Frank Underwood dans House of Cards.

En somme, l’univers peuplé de chevaliers à gougounes de Simon Boudreault est intelligent, mais n’arrive pas à dépasser le second degré pour rejoindre les spectateurs aussi bien qu’il le pourrait. Le spectateur reste sur sa faim en pensant au concept qui s’annonçait si alléchant.

Malgré leurs efforts, le talent des comédiens et de l’auteur n’arrive pas à sauver une pièce estivale du rôle de l’imposteur dans une programmation de saison annuelle.

L'événement en photos

Par Caroline Laberge

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