«Les trésors enfouis de Netflix» – Août 2016

«Frank» de Lenny Abrahamson

Remarqué l’an dernier pour avoir foulé les plus prestigieux tapis rouges grâce à son bouleversant Room (aussi sacré meilleur film de 2015 par l’équipe de Bible urbaine), le réalisateur irlandais Lenny Abrahamson n’en était pourtant pas à son premier beau film. Tourné deux ans plus tôt dans la verdure de sa contrée natale, Frank met en vedette Domhnall Gleeson, Maggie Gyllenhaal et Michael Fassbender comme on ne l’avait jamais vu auparavant… Littéralement, puisque ses beaux yeux bleus sont dissimulés sous le gros masque en papier mâché du personnage éponyme. Tête d’affiche (!) d’un groupe de rock indépendant en pleine crise existentielle, ce dernier est un être mystérieux à la voix profonde et au cœur d’or, bouffon à ses heures, artiste torturé à d’autres, fascinant à tous égards, même pour ses fidèles acolytes qui sont pourtant loin d’être ordinaires. Réjouissant et déchirant à la fois, Frank est une véritable bittersweet symphony.

«The Place Beyond the Pines» de Derek Cianfrance

Un Ryan Gosling criblé de tatouages, un Bradley Cooper en uniforme et deux jeunes acteurs hautement sous-estimés (soit Emory Cohen et Dane DeHaan)… Aurait-on vraiment besoin d’en rajouter? Sombre et violent, mais aussi taciturne et tout en atmosphère, ce film a quelque chose de foncièrement différent. L’ayant brillamment construit sous forme de triptyque explorant tour à tour la psychologie complexe de ses personnages principaux – le criminel, le policier et leurs fils respectifs –, Derek Cianfrance semble n’avoir rien laissé au hasard. Aussi soignée dans le fond que dans la forme, son œuvre est chargée d’images éloquentes et bercée par une trame sonore ensorcelante s’harmonisant à merveille avec son puissant bagage émotionnel. The Place Beyond the Pines explore les thèmes de la fatalité, du devoir et de la pression d’être père, de telle manière que l’on pourrait presque le qualifier de tragédie grecque contemporaine.

«Across the Universe» de Julie Taymor

Si les comédies musicales ne sont pas faites pour tout le monde, la musique des Beatles, elle, est quasi-universelle. Inspiré du généreux répertoire du groupe le plus populaire de l’histoire de la musique, Across the Universe a tous les ingrédients nécessaires pour faire apprécier les scénarios chantants aux cinéphiles les plus opiniâtres, au moins le temps d’un film. Campé dans le tumulte des années 60 et de son mouvement anti-guerre, on y assiste à l’idylle tout aussi bouillonnante entre Jude (Jim Sturgess) et Lucy (Evan Rachel Wood), deux grands rêveurs qui semblent trop souvent oublier qu’au fond, all you need is love. À travers une série de numéros soit psychédéliques à souhait, soit magnifiquement dépouillés, et avec la contribution d’illustres personnages dont Bono, Eddie Izzard et Joe Cocker, ce troisième long-métrage de la dramaturge et metteure en scène Julie Taymor ne vous fera peut-être pas pleurer, mais il saura certainement vous faire chanter.

«Band of Robbers» de Aaron et Adam Nee

Depuis plus d’une décennie déjà, le cinéma indépendant jouit de la douce folie de Mark et Jay Duplass… Mais qui a dit qu’on ne pouvait pas faire place à un second duo de frères intelligents, ambitieux et inventifs? Maîtres du petit budget et de la comédie impertinente, Aaron et Adam Nee sont des noms à retenir. Avec Band of Robbers, ils ne proposent rien de moins qu’une réinvention moderne des deux grands classiques de Mark Twain, The Adventures of Tom Sawyer et The Adventures of Huckleberry Finn. Petites canailles devenues adultes (…ou presque), Tom et Huck rêvent toujours de gloire et de fortune. Ayant enrôlé leurs amis Joe Harper et Ben Rogers, ils reprennent donc leur éternelle chasse au trésor dans un scénario excentrique et juste assez absurde pour faire écho au Bottle Rocket de Wes Anderson, ou encore à Raising Arizona des frères Coen. Ajoutez-y une bonne dose de gags et de références littéraires pour obtenir un film tout à fait charmant qui, après tout, pourrait se résumer en ce mot seulement.

La série culte «Star Trek» de Gene Roddenberry

Afin de souligner le 50^e anniversaire de cet absolu incontournable, Netflix s’est finalement doté du catalogue Star Trek dans son intégralité, pour un impressionnant total de 726 épisodes. À tous les non-initiés: voici l’occasion idéale de se familiariser avec l’univers fabuleux de Gene Roddenberry! «Mais par où commencer?», direz-vous. Notre humble suggestion s’intitule The City on the Edge of Forever (saison 1, épisode 28) et fut diffusée pour la première fois au printemps 1967. Reflétant parfaitement toute l’essence de la série, ce chapitre voit le capitaine Kirk et son équipage aux prises avec une perturbation spatio-temporelle qui les mènera tout droit dans un New York des années 30, où chaque décision pourrait potentiellement changer le cours de l’histoire. En moins d’une heure, on est entraîné dans une aventure ambitieuse traitant de solidarité, d’amour et de sacrifice, ne négligeant jamais cette pointe d’humour qui fait tout le charme des personnages iconiques que sont Kirk, Spock et tous les autres… Depuis 1966!