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The Cat Empire… Qui est-ce? Un groupe connu et reconnu par beaucoup, mais qui demeure plutôt discret. Une pépite d’or dont on ne crie peut-être pas le nom sur les toits, mais on ne peut pas s’arrêter de les écouter une fois qu’on les a découverts. C’est un groupe inclassable: il n’appartient pas strictement à un genre musical. C’est un tourbillon de ska, de reggae, de samba, de jazz, d’influences tziganes… Ce qui leur permet plus de souplesse et de créativité: «N’appartenant pas à un genre, les gens ne savent jamais quel mélange on leur a concocté. Le public ne peut pas s’attendre à quelque chose de précis».
C’est également l’un des rares groupes qui n’a pas de guitariste, ce qui leur permet de maintenir un rythme ardent. Plus concrètement, le groupe est composé d’ Ollie McGill au clavier, Ryan Monro à la basse, Felix Riebl aux percussions et au chant, Harry James Angus à la trompette et au chant, Jamshid «Jump» Khodiwhala aux percussions et platines de DJ, et enfin Will Hull-Brown à la batterie. Une bonne partie des chansons trouvent leur origine dans les rêves de Felix. «Parfois je le vois allongé, les yeux fermés, qui fredonne très doucement. Je ne sais pas s’il dort complètement ou pas, mais effectivement, beaucoup de mélodies proviennent de ces moments-là!»
Rising With the Sun a été enregistré dans le même studio que Steal the Light. Ils se ressemblent un peu, donnent le même vibe, contrairement à «Cinema», qui est un peu plus grave et sombre. Ce nouvel album que Will décrit en un mot comme étant «puissant» est très influencé par les musiques des Caraïbes. Chaque chanson a été composée pour être jouée sur scène. On détecte une énergie sincère dans chacune d’entre elles. Les refrains ont été écrits de manière à ce que la foule puisse facilement chanter avec le groupe. Contrairement aux albums précédents de Cat Empire, celui-ci a été conçu d’une manière assez spontanée: «La réalisation des albums précédents était plus organisée et structurée, chacun venait avec sa contribution préparée et on assemblait le tout en studio.«Rising With The Sun» a pris forme pendant des sessions de jam. On pourrait dire que c’est plus authentique».
Les animaux sont nombreux au fil des titres de l’album: «Creature», «Bull», «Wolves» et «Eagle». La présence de ces animaux de totems reflète le but de l’album: «Pouvoir se libérer des contraintes du quotidien et toucher au côté animal un peu sauvage qui est à l’intérieur de nous tous. C’est l’objectif de nos concerts, permettre aux gens de se perdre dans la musique et la danse le temps de quelques chansons». La musique du groupe libère le public de contraintes, tout comme The Cat Empire se libère de celles qui accompagnent le fait d’être rattaché à un genre de musique précis. Le chat a un côté sauvage après tout…
D’ailleurs, leur nom vient d’une anecdote assez originale. Les trois premiers membres du groupe étaient chez Felix, et son petit frère Max est rentré de l’école avec un dessin «[…] intitulé «The Cat Empire», sur lequel figurait des chats gangsters avec des casquettes. On s’est dit OK, va pour “The Cat Empire!”» Leur nouvel album comprend une chanson intitulée «Bataclan», issue des attentats terroristes à Paris le 13 novembre. Ils ont été particulièrement touchés par cet évènement tragique, ayant joué à plusieurs reprises dans cette salle. C’est une chanson qui rend hommage aux victimes et qui rappelle que dans des moments pareils, la musique joue un rôle important qui nous délivre un peu de la peur et de la tristesse en nous unissant
La pochette de Rising With the Sun a été réalisée par Aaron Hayward. C’est un «Ojo de dios», ou l’œil spirituel qui voit au-delà du monde physique et concret. L’œil qui saisit l’insaisissable. Un collage de 3500 photos de leurs fans figure dans la pochette de cet album, une façon de reconnaître leur importance. Le Cat Empire existe pour faire danser et chanter les amateurs de leur musique: «Ils sont essentiels. Il faut se rappeler que sans eux, il n’y aurait pas de concerts, pas de nous! C’est grâce à eux qu’on existe.»
Peu de groupes ont un contact aussi personnel avec leurs admirateurs. The Cat Empire organise souvent des tombolas, avec des prix à gagner, tel un dîner avec un membre du groupe, un cours de musique, ou encore une session jam. Cette relation proche découlerait du fait que les débuts du groupe ont précédé l’explosion des réseaux sociaux «On ne dépendait pas du buzz des réseaux sociaux, mais du bouche-à-bouche. On devait se rapprocher de nos fans pour ça, et on en est très content».
Ils ont tout fait, des festivals immenses comme le Edinburgh Festival aux petites salles de concert, en passant par des bars. L’un n’est pas plus satisfaisant que l’autre: «Nos concerts s’adaptent à l’endroit où l’on joue. Les salles plus petites donnent des concerts plus intimes, que j’aime beaucoup. Mais c’est aussi super impressionnant de jouer devant un océan de personnes qui sont venues pour t’écouter».
Arrivés à Montréal il y a quelques jours, ils se réjouissent de pouvoir jouer dans une de leurs destinations préférées «C’est une ville pleine d’art et de musique, avec une culture très forte. Une ville avec une bonne ambiance. Tous nos concerts passés ont accueilli des spectateurs pleins d’énergie». Ils ont particulièrement aimé jouer au Métropolis. De retour à Osheaga, un festival qu’ils aiment beaucoup, ils espèrent voir Radiohead qui devrait passer sur scène après eux.
À la fin de leur tournée au Canada qui se termine en août, ils s’en vont vers l’Europe. Partir en tournée c’est toujours une belle aventure, et le groupe a hâte de faire découvrir cet album sur scène à leurs fans. Will conclut qu’il se réjouit tout de même de l’idée de rentrer retrouver ses quatre garçons. Avoir des enfants lui a permis d’apprécier la musique encore plus: «Voir mes enfants danser surexcités sur certaines de nos chansons, c’est vraiment génial. Les enfants sont intéressés et curieux par tout ce qui les entoure. Mes garçons me rappellent de ne pas perdre cet éveil.»
Will rêverait de collaborer avec Manu Chao et faire un ou plusieurs concerts en Grèce. Le summum serait de faire la bande originale d’un film de Tarantino.
Exceptionnellement, les souris dansent volontiers sous l’œil de ce chat. Ne les ratez pas le 30 juillet au Théâtre Corona et le 31 juillet à Osheaga!
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