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Crédit photo : Gracieuseté www.facebook.com/bcheesemanmusic
Lisanne Tremblay, Tertio, Samuel Bonnet, Annie Dominique, Simon Denizart Trio, Tara Kannangara, Autobahn, FOG Brass Band et le Brad Cheeseman Group; tous ces artistes ou groupes étaient en lice pour le Grand Prix TD, mais c’est le dernier qui a été couronné. Le principal intéressé ne semble toujours pas y croire, quelques jours après sa victoire et sa prestation qui a rapidement suivi l’annonce, sur la plus imposante scène du Festival international de Jazz de Montréal – la scène TD –: «tu ne t’attends jamais à ça, tu fais juste y aller, donner tout ce que tu as et espérer pour le mieux. Mais connaissant personnellement quelques artistes en lice, sachant le talent immense qu’il y avait dans la compétition, non, je ne croyais pas du tout que c’était dans la poche.»
Le Torontois qui avait déposé sa candidature simplement pour faire partie de la programmation régulière du festival et qui s’est finalement fait proposer par l’organisation de participer au concours pour le Grand Prix TD n’en demandait pas tant. «Juste de jouer à ce festival, avec ou sans concours, c’est un grand honneur. Il suffit de regarder les autres artistes au programme et de voir le talent, la réputation de ces gens… Le Festival de jazz de Montréal a une réputation beaucoup plus grande que tout ce que j’ai fait auparavant; une réputation internationale, même. Et le Grand Prix TD lui-même est un prix très prestigieux. On jouait contre des gens qui ont gagné des Juno Awards, ça te donne une idée du niveau et du calibre des artistes qui concourraient pour le prix! Je pense que tout ça donne encore plus de poids à ce prix, qu’aucune autre récompense gagnée par le passé ne saurait égaler.»
Qu’est-ce qui aurait fait la différence, selon lui? «Je travaille vraiment dans mes compositions pour aller capturer l’émotion dans la musique», mais serait-ce suffisant? En vérité, Brad Cheeseman n’a aucune idée de ce que les juges du concours observaient comme critères afin d’établir le gagnant, mais il est ravi de son expérience et de sa performance sur la grande Scène TD; «un sentiment incroyable, un souvenir que je n’oublierai jamais». Du haut de cette scène – la plus grande sur laquelle il a joué jusqu’à présent –, le bassiste a vu «différents types de personnes répondre différemment à différents moments dans la musique, mais tout le monde était vraiment emballé et excité, alors nous aussi on était excités et ça nous donnait de l’énergie, c’était super.»
Cette belle grande visibilité, qui va se poursuivre avec une promesse de participation aux éditions 2017 du Festival international de jazz de Montréal et du Festi Jazz international de Rimouski qui fait partie du grand prix, Brad Cheeseman ne sait pas encore tout à fait comment il pourra s’en servir de façon positive, pour arriver à se faire reconnaître davantage. Mais une chose est certaine, la bourse de 5 000 $ offerte par la TD ainsi que les 50 heures de studio comprises avec les honneurs serviront à «enregistrer et créer de la nouvelle musique. Ça nous donnera une solide base pour aller de l’avant et se renouveler.»
C’est aux côtés de Robert Chapman (guitare), Sam Kogen (piano), Marito Marques (batterie) et Chelsea McBride (saxophone) que l’artiste forme le Brad Cheeseman Group, et c’est à eux qu’il consacre le plus ses énergies depuis un bon quatre ans. «Quand j’écris pour le groupe, j’écris différemment, je pense à ces musiciens et à comment ils joueraient cette musique et à quelles sonorités seraient bonnes pour qu’ils improvisent dessus.» Celui qui a donné son nom au groupe ne se voit pourtant pas tellement comme un meneur; «je pense que la chose la plus importante pour moi n’est pas tellement d’être vu comme le leader, mais plutôt d’être dans une position où ma musique peut être entendue par des gens et qu’une connexion se fasse entre eux et ma musique.»
S’il avoue s’être adonné au jazz tardivement, après avoir découvert d’abord le jazz fusion de groupes comme Return to Forever et Weather Report, puis le jazz plus classique de Dave Brubeck et Charles Mingus, c’est véritablement l’occasion d’improviser dans un groupe qui lui a plu dans cette forme musicale et qui lui a donné la piqûre. «C’est en jouant avec un groupe que j’ai vu comme c’était beau et ce que ça signifiait d’improviser en tant que groupe, en interagissant l’un avec l’autre. Et plus je jouais du jazz, plus j’avais envie d’en écouter; et plus j’en écoutais, plus j’avais envie d’en jouer.»
C’est sans doute cette passion qui l’habite qui a fait toute la différence pour que le Brad Cheeseman Group emporte les honneurs du Grand Prix de Jazz TD, mais au final, tout ce qui compte pour le musicien – qui a aussi lancé en février dernier un EP en solo intitulé Figurants, qui comporte des pièces écrites pour sa maîtrise et basées sur le roman Infinite Jest, de David Foster Wallace –, c’est d’être «capable de jouer sa musique autant qu’il le peut et de rejoindre et de connecter avec autant de gens que possible». Pour le reste, il semblerait que les membres du groupe et lui étaient juste «contents de participer au festival et de voir plusieurs pairs performer…alors de recevoir cet appel et cette nouvelle, c’était, disons, comme un délicieux crémage sur un vraiment délicieux gâteau!»
Le Brad Cheeseman Group est le lauréat 2016 du Grand Prix de Jazz TD, remis à l’occasion du Festival international de Jazz de Montréal. Son album homonyme est disponible depuis juin 2015 et a notamment remporté le prix du «Meilleur enregistrement instrumental de l’année» aux Hamilton Music Awards 2016.