ThéâtreCritiques de théâtre
Crédit photo : Julien Bastide
Mickaël Gouin, acteur extrêmement populaire et plutôt imbu de lui-même (dans la pièce, pas dans la vie!) est victime d’un grave accident de voiture sur une route au milieu de nulle part. Il se réveille deux semaines plus tard chez les Sicotte, une famille assez étrange qui dit vouloir prendre soin de lui, mais qui l’empêche de sortir de sa chambre ou de téléphoner à sa famille. Mathilde (Marie-Soleil Dion), la jeune fille de la famille, est une fan finie du comédien et veut profiter de sa convalescence pour apprendre à devenir une vedette, appuyée par deux parents complètement disjonctés (Chantal Dumoulin et Louis-Olivier Maufette), qui ne veulent que le bonheur de leur fille adorée. Seule Sandrine (Léane Labrèche-Dor), la sœur de Mathilde, traitée en véritable Cendrillon par sa famille, semble vouloir aider Mickaël à s’enfuir. Ou plutôt, elle est la seule à lui avouer qu’il ne pourra jamais sortir de la maison vivant…
Avec On t’aime Mickael Gouin, les auteurs Olivier Aubin, Luc Boucher et Dominic Quarré (qui ne connaissaient pas Mickaël Gouin personnellement avant d’en faire la vedette de leur pièce!), proposent une réflexion sur le vedettariat notamment avec l’histoire de Mathilde et son obsession à vouloir devenir une vedette. D’ailleurs, quand Mickaël accepte de l’aider, il commencera par lui demander une vedette de quoi veut-elle devenir, ce à quoi elle lui répondra de commencer par faire d’elle une vedette et qu’elle aura bien le temps de choisir de quoi par la suite! Une autre piste de réflexion sur le même sujet est apportée par le docteur Victor (Olivier Aubin) qui tente de faire comprendre à Mickaël que lui seul a les moyens de se sortir de cet enfer. Il est difficile d’en dire plus sans révéler la fin, mais disons que la scène finale est justement parfaite à ce niveau: les plus vieux percevront une autre réflexion plus subtile sur le même thème.
On apprécie ainsi le happy end sans le trouver trop cliché ou moralisateur.
D’ailleurs, ce n’est pas que le happy end qu’on apprécie, mais vraiment toute la pièce. Tous les éléments sont là pour que ce soit un véritable succès: une histoire à la fois burlesque et touchante, des répliques savoureuses, des références culturelles, des numéros de danse et même un combat d’arts martiaux. Ça pourrait partir dans toutes les directions, mais au contraire, tout est très bien ficelé et mené par une solide distribution. Marie-Soleil Dion est complètement survoltée dans le rôle de Mathilde, alors que Louis-Olivier Mauffette interprète le père de famille inquiétant et Léane Labrèche-Dor, une Sandrine aussi blasée qu’hilarante. Quant à Mickaël Gouin, il s’en tire aussi très bien en jouant son propre rôle, ou plutôt une version complètement décalée de lui-même. Ce doit d’ailleurs être assez particulier d’entendre son nom être répété à toutes les deux répliques, ou presque!
On t’aime Mickaël Gouin a vraiment le potentiel de devenir un classique du théâtre d’été pour ados, mais aussi pour toute la famille. Tout le monde peut définitivement y trouver son compte. Et si ça peut donner une petite cure de jeunesse à cette tradition vieillissante, ça ne peut qu’être une bonne nouvelle.
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Par Julien Bastide
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