Jean Leloup et The Last Assassins: un chef-d’œuvre du rock’n’roll – Bible urbaine

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Jean Leloup et The Last Assassins: un chef-d’œuvre du rock’n’roll

Jean Leloup et The Last Assassins: un chef-d’œuvre du rock’n’roll

Publié le 12 septembre 2011 par Éric Dumais

La sortie du vinyle de la formation montréalaise The Last Assassins au mois de juin dernier a fait couler beaucoup d’encre dans les médias québécois. Deux mois plus tard, l’album est déjà disponible en prévente sur le site de l’étiquette Dare To Care Records. Critique d’un vrai chef-d’œuvre du rock’n’roll.

Karaoke Dreams: un rêve devient réalité

Lorsque l’on parle des Last Assassins, il est important de jouer cartes sur table. Il faut comprendre que ce n’est pas une formation ayant pour point de mire notre charmant John The Wolf, mais plutôt un projet rock’n’roll sexy et sale comme un sou noir. Ici, Jean Leclerc est un peu effacé; il laisse sa belle Fender s’exprimer à sa place, un peu comme il l’a fait avec sa caméra lors du tournage de son film premier film expérimental Karaoke Dreams, qu’il a tourné sur une période de trois ans entre Montréal et le Vietnam.

The Last Assassins est véritablement né d’un conte de fées : Jean Leloup, Virginia Tangvald et Mathieu Leclerc se sont rencontrés au moment de la production de la trame sonore du film. Trois coups de foudre plus tard, ils se retrouvaient en studio pour l’enregistrement de l’album.

Un beau welcome en guise d’introduction

Jean Leclerc est reconnu depuis longtemps comme étant un personnage coloré. Il a d’ailleurs emprunté, au fil des années, divers sobriquets, noms de scène et noms de plume tels que Jean Leloup, John The Wolf, Le Roi Ponpon, Massoud al Rachid, Pablo Ruiz, Johnny Guitar et Dead Wolf, afin d’ajouter un peu de fantaisie à ses apparitions publiques. Dans The Last Assassins, Jean Leclerc est désormais le docteur Johny Welltiper, un cinéaste-chirurgien spécialisé dans l’inconscient. Il réussit, en effet, à extraire des capsules de rêve pur à 100% garanti sans aucun formatage.

Johny Welltiper a fait récemment le grand saut du cinéma à la musique, comme nous le présente Virginia Tangald dans Welcome: «Bienvenue dans le monde de Johny Welltiper. Afin de contrer les effets du formatage de masse, Johny se recycle en héros de la guitare.» That’s all. Pas d’explication ni de glose ni de bas de page. Seulement un Mathieu Leclerc complètement possédé qui nous gueule, comme un schizophrène en pleine crise de démence, «Shut up, shut the fuck up, shut up, shut up, shut the fuck up».

 Les doigts agiles de Jean Leclerc, d’emblée, ne sonneront aucune cloche familière à vos oreilles, puisque l’on est à des années-lumière de l’imposante discographie du chanteur des tubes 1990 et Edgar. Dans The Last Assassins, Jean Leloup n’est qu’un Dieu de la guitare; c’est majoritairement Mathieu Leclerc et Virginia Tangvald qui donnent le ton d’ensemble.

Sans vouloir établir de comparaisons trop clichées, The Last Assassins rappelle à certains égards le côté rebelle et rock garage de la formation américano-britannique The Kills et le caractère plus métallique de The Dead Weather à l’époque de Horehound, l’un des nombreux projets parallèles de Jack White.

Les voix de Virginia Tangvald et de Mathieu Leclerc, tandem séduisant que l’on peut justement comparer à Jamie Hince et Alison Mosshart en peut-être moins éclaté, donnent une belle dynamique aux mélodies, malgré le fait qu’elles semblent parfois lassées et écœurées de la vie. Leurs chants s’harmonisent dans le calme et la sérénité, au sein d’envolées vocales parfois chuchotées, parfois parlées, parfois gueulées.

The Last Assassins innove dans le genre avec des mélodies solides qui frôlent parfois l’improvisation (Minerals et Bad Crystal). L’orchestration, majoritairement grattée et distorsionnée, n’offre rien de trop léché. La guitare électrique est maître de ce monde, un peu comme celle de Dan Auerbach des Black Keys. On retrouve quelques notes de pianos, frappées ici et là, résonnant à nos oreilles comme une fine pluie.

Le premier album studio de The Last Assassins est une vraie bombe, un peu comme les inoubliables Funeral d’Arcade Fire ou Baby Darling Doll Face Honey de Band Of Skulls. Le hasard fait toujours bien les choses et il a d’ailleurs permis à trois excellents musiciens de créer une musique solide, sensible et éminemment créative. Les deux premiers extraits, The Wheel et On The Take, ont été un bel aperçu de l’album à venir, mais lorsque vous entendrez Dead Birds et Rodeo Girl, vous tomberez à nouveau en amour avec The Last Assassins.

Le lancement d’album des Last Assassins aura lieu le 23 septembre 2011 au Théâtre Rialto. Le trio sera à Québec le 30 septembre pour le festival Envol et Macadam en plus d’offrir, le 2 novembre, un concert à la salle André-Mathieu de Laval. Il y a encore plus de dates à venir. Surveillez le site web de daretocarerecords.com pour plus d’information.

Appréciation générale: ****1/2

Crédit photo: www.grosseboite.com

Écrit par: Éric Dumais

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