ThéâtreCritiques de théâtre
Crédit photo : David Ospina
On doit le dire, avant toute chose: c’est le nom de l’auteur de la pièce qui intrigue d’abord. Je préfère qu’on reste amis est signée par Laurent Ruquier, animateur bien connu en France, à la barre d’On est pas couchés, depuis plusieurs années. Aussi producteur de spectacles, humoriste et auteur, il a écrit six pièces de théâtre, dont celle-ci, en 2014. Jouée en France au Théâtre Simone-Antoine-Berriau de Paris, c’est là qu’elle a été vue par Denise Filiatrault, qui aurait immédiatement été charmée. La pièce est donc montée pour la première fois à Montréal, avec Geneviève Schmidt (Unité 9) et Patrick Hivon (Nouvelle adresse) dans les deux seuls rôles de la pièce.
C’est d’ailleurs un anticasting pour Patrick Hivon, qu’on voit souvent dans la peau de personnages plus denses et torturés que dans celles de véritables Don Juan narcissiques et prétentieux. C’est rafraîchissant, bien qu’on ne le sentait pas toujours parfaitement à l’aise. Quant à Geneviève Schmidt, on connaissait déjà son potentiel comique, mais elle vole définitivement la vedette dans le duo, héritant des répliques les plus drôles et les plus assassines.
Bien que l’histoire générale soit assez convenue, elle est agrémentée de nombreux rebondissements, tous plus surprenants les uns que les autres, jusqu’à une finale hyper mielleuse à laquelle on ne s’attendait presque plus tellement on a changé de direction souvent. La plus grande force de la pièce, c’est le texte punché à souhait, et surtout bien adapté au public québécois.
Quelque part à mi-chemin entre pièce de théâtre et comédie musicale, Je préfère qu’on reste amis compte plusieurs extraits de chansons dans son texte. Claudine étant une grande amatrice de karaoké, il lui arrive ainsi fréquemment de pousser la chansonnette pour faire passer un message à son ami. Ça n’apporte rien de précis à l’histoire, et on aurait aisément pu s’en passer, surtout du duo ultra cliché de la fin sur «Une chance qu’on s’a», le classique de Jean-Pierre Ferland.
Malgré ces quelques petites faiblesses, Je préfère qu’on reste amis est une vraie comédie romantique charmante et légère, comme on en voit peu au théâtre, et qui saura trouver son public, surtout à ce temps-ci de l’année.
Sans tomber dans les portes qui claquent et les amants cachés dans le garde-robe du théâtre d’été (quoique…), il n’y a rien de fin et de subtil dans cette comédie printanière qui ne nous renverse peut-être pas, mais qui nous fait tout de même rire de bon cœur à plusieurs reprises.
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Par David Ospina
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