Littérature
Crédit photo : Patrick Séguin
Anaïs Barbeau-Lavalette, femme et artiste accomplie
Pour Anaïs Barbeau-Lavalette, ce prix résonne d’une manière particulière au milieu de tous les hommages que reçoit ce récit de la vie de Suzanne Meloche, sa grand-mère et compagne d’un instant de Marcel Barbeau. «De recevoir ce prix c’est immense, c’est tellement une belle reconnaissance. Surtout que je considère que c’est encore mes premiers pas dans l’univers littéraire et quoique j’ai écrit un autre livre avant celui-là, La femme qui fuit c’est la première fois que j’écris quelque chose d’aussi personnel et jusqu’au dernier mot j’ai douté que ça puisse intéresser quelqu’un d’autre que moi.»
Dans ses remerciements, elle a d’ailleurs déclaré son amour aux libraires dans ces mots: «Merci à vous, libraires du Québec, vous qui prenez soin des temples, vous qui aimez les mots autant que ceux qui jonglent avec, vous qui aujourd’hui m’adressez une véritable étreinte, un vrai french kiss littéraire, vous qui me criez d’écrire encore! Merci tellement pour ce souffle nouveau dans mes ailes nouvelles.»
Sur l’écriture d’un prochain livre elle souligne, «Je récolte encore toutes les répercussions de ce livre-là et c’est présentement euphorisant tout ce qui se passe. Je crois que ce livre a de bon qu’il est enraciné et je souhaite prendre mon temps et le laisser vivre.» Elle admet qu’elle ne s’attendait pas du tout à un tel engouement et peine à en revenir. «Je suis surprise, tous les jours. Surprise et émue. Les gens qui m’accostent dans la rue, plusieurs fois par jour, c’est pas en surface qu’ils ont été touchés par le livre, mais en profondeur. On sent que ça a remué quelque chose qui touche à l’essentiel.»
Sur la promotion à l’étranger et la résonance que son livre peut y avoir Anaïs Barbeau-Lavalette se fait catégorique et termine en riant: «Je suis certaine que la femme qui est divisée entre son désir d’être mère enracinée et son désir d’être femme libre, c’est universel». Artiste accomplie s’il en est une, réalisatrice, auteure, mais également femme de théâtre. C’est ce soir même qu’a lieu la première de Pôle Sud, un premier docu-scénique, genre qu’elle a créé en collaboration avec son complice artistique et parental, Émile Proulx-Cloutier. Cette artiste épanouie et inspirante a encore beaucoup à nous offrir, manifestement.
Shannon Desbiens, démocratiser la lecture
Shannon Desbiens est libraire de profession depuis plusieurs années déjà et il fait partie des quelque 215 libraires certifiés du Québec. Une certification qui s’acquiert avec l’expérience et grâce au parrainage d’un mentor. Loin d’être élitiste cette marque de professionnalisme ne témoigne par d’un savoir théorique mais bien d’un savoir-faire pratique. Sur ce point, la pensée de Shannon Desbiens rejoint celle de l’ALQ qui depuis quelque temps souhaite valoriser la démocratisation de la littérature et vise à faire la promotion d’une consommation littéraire libre et inclusive.
«L’objectif c’est de mettre en lumière le fait que la littérature ce n’est pas l’exclusivité des grands de ce monde et les intellectuels. La lecture, c’est pour tout le monde. Tout le monde a le droit de lire et surtout, tout le monde a droit à ses goûts. Je souhaite que le client qui entre en librairie ne se sente pas gêné de ses lectures. Entre dans la librairie peu importe ce que tu lis. Avoir des goûts c’est important, parce que c’est ce qui forge notre identité littéraire et une identité littéraire ne vient pas avec des diplômes, ça vient avec la lecture.»
Un homme chaleureux, accueillant, solidaire de sa région et des artistes qui la peuplent et dont ils enrichissent la vie culturelle. Au gré de la conversation ils mentionnent certains de ces créateurs qui dynamisent la vie artistique du Saguenay. Pour Desbiens, la vie littéraire québécoise va bien, la vente de livre aussi, malgré les échos parfois pessimistes qui se répercutent dans les médias. «Le livre québécois va bien, je le crois. Si on pense au numérique, il faut se dire que les lecteurs qui se dirigent vers ce format le font pour une raison d’ordre pratique. Sur le site Web de l’ALQ on le constate, les ventes de livres numériques vont bon train. C’est facile d’usage et c’est une plateforme tellement conviviale. On y retrouve même des commentaires de libraires qui permettent au lecteur d’orienter ses choix.»
Mais pour ce qui est d’obtenir des conseils personnalisés, rien ne vaut une excursion physique en librairie. Desbiens raconte que pour chaque client il écoute, il questionne et avec une grande ouverture, amène le lecteur vers la lecture qui le comblera ou même le bousculera, mais toujours dans le respect des goûts du lecteur quels qu’ils soient.
«Je souhaite que tous les gens qui ont peur des libraires et n’osent pas entrer dans une librairie le fassent et constatent que nous ne sommes pas des intellos finis. Moi, je n’ai aucun diplôme là-dedans, je ne vais pas te proposer un livre en t’en faisant l’analyse littéraire. Je vais y aller avec le cœur, je suis un lecteur depuis toujours.»
L'événement en photos
Par Patrick Séguin