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Crédit photo : Katya Konioukhova
Ainsi, ce documentaire s’adressait peut-être plus à ceux qui ne connaissent pas ou peu The Residents, mais restait fort intéressant, même pour les fans de la première heure, très présents hier si on se fie au nombre de têtes blanches dans la salle. C’était en quelque sorte une rétrospective du groupe qui existe depuis le début des années 70, avec des interventions de gens les ayant côtoyés au fil des ans.
On y apprend entre autres que The Residents doit être vu comme un concept défini et chapeauté par certains de ses membres originaux mais vieillissants plutôt que comme une formation établie: l’anonymat du groupe d’artistes a permis la mouvance de ses membres et l’ajout sporadique de collaborateurs.
The Residents, bien que toujours en marge des canaux populaires de la musique, a su se bâtir une solide réputation et un bassin de fans fidèles, dont plusieurs musiciens tels Dean Ween (du groupe du même nom) et Les Claypool, chanteur et bassiste de Primus. Le groupe a maintenant acquis un statut de formation culte ou de légendes. Alors évidemment, les attentes étaient grandes.
Ces Californiens sont reconnus pour des spectacles tenant plus de la performance scénique que d’un concert traditionnel. Et celui d’hier n’a pas fait exception. Le dorénavant trio s’est amené sur scène vêtus de queues de pie en paillettes blanches, le claviériste-échantillonneur et le guitariste portant des masques de squelettes et le chanteur, un de démon. Celui-ci a enlevé son masque après la première chanson pour en révéler un autre d’étrange vieillard. Shadowland constitue la dernière partie de la trilogie Randy, Chuck and Bob. Alors que la première partie avait pour thèmes les fantômes et la mort, la deuxième l’amour et le sexe, cette troisième partie traite de la naissance, la renaissance, la réincarnation et les expériences de mort imminente.
Le concert d’hier évoquait plutôt la performance théâtrale ou l’opéra rock qu’un concert musical à proprement dit. Shadowland est divisé en cinq segments («The Butcher», «The Libertine», «The Garbage Man», «The Diver» et «The Engineer») chacun était introduit par une vidéo, apparaissant dans l’immense boule sur socle au milieu de la scène (un œil? Une boule de cristal?), où un personnage parlait de son expérience de mort, de renaissance. Ces monologues sous-tendaient bien sûr une vive critique de la société actuelle, comme l’a presque toujours fait le groupe. Ceux qui ne comprenaient pas l’anglais hier ont malheureusement perdu une partie du spectacle, surtout que le groupe enchaînait ensuite avec quelques chansons sur le même thème, chansons pour lesquelles les paroles étaient souvent tout aussi importantes que la musique. Un livret aurait été bienvenu pour certains.
Les fans n’ont toutefois pas eu à se plaindre, le groupe a entrecoupé les morceaux de Shadowland de certains succès, parfois revisités: «Easter Woman», «Blue Rosebuds» et «Constantinople» entre autres. Pour ce dernier, le chanteur a même sorti son tambour au grand plaisir de la salle. Le groupe s’est une fois de plus réinventé hier et n’a pas perdu de sa vigueur et de sa créativité. Espérons maintenant que le documentaire, à la manière d’un legs, ne laisse pas présager la fin pour The Residents.
L'avis
de la rédaction