Asaf Avidan au Théâtre Berri de Montréal

Quiconque aurait pénétré dans le Théâtre Berri vendredi soir comprendrait les tonnerres d’applaudissements qu’a reçus Asaf Avidan à plusieurs reprises dans l’antre de la rue Saint-Denis. On l’avait connu comme frontman de The Mojos, en 2008, il avait séduit le grand public avec un disque folk-rock déchirant en 2013 (Different Pulses). Confirmant en 2015 avec Gold Shadow (2015) tout le bien qu’on pouvait penser de lui, l’artiste n’a pas déçu sur scène offrant une performance à la hauteur du talent qui lui est reconnu.

Se situant quelque part entre Bob Dylan, John Lee Hooker, Leonard Cohen, Nina Simone ou même Nancy Sinatra, le chanteur-guitariste étonne et détonne. Se frayant un chemin d’une singularité glaçante dans le paysage musical, Avidan s’affranchit des codes autant qu’il réjouit par sa diversité stylistique. Pourtant, toute cette richesse musicale provient d’un seul et unique être capable de fournir un concert diablement homogène quand bien même il touche au blues et au rock, mais toujours teinté de ce penchant folk affirmé.

Deux premières chansons timides dans l’interprétation rapidement effacées, et Asaf Avidan faisait réagir le public grâce à l’un des succès de son dernier album, «Gold Shadow». Extrêmement pertinent dans le choix des morceaux qui suivaient, Asaf Avidan a déployé l’immensité de son talent, virevoltant entre les vieux succès des Mojos («Small Change Girl», «Devil’s Dance», «Weak, One Day», «Over You Blues», «Poor Boy/Lucky Man») et ceux plus personnels de ses deux albums solos («Love It Or Leave It», «Bang Bang», «Cyclamen», «Different Pulses», «Labyrinthe Song»). 

Généreux dans son approche musicale comme dans l’interaction avec le public, habile dans l’interprétation de certaines des plus belles pièces de son répertoire, on ne peut tirer qu’un grand coup de chapeau à l’artiste. Visiblement très heureux de lancer sa tournée nord-américaine Into The Labyrinthe Part, Asaf Avidan a déployé brillamment et intelligemment la vivacité de sa musique, celle-ci prenait à plusieurs reprises des dimensions blues voir americana comme si l’homme donnait une envergure américaine à ses chansons.

La flamme n’avait pas forcément prise dans le passé entre le musicien et le public montréalais. Asaf Avidan s’est diablement bien racheté cette fois, et les chanceux présents au Théâtre Berri ne pourront que confirmer. Sa sensibilité voluptueusement folk a eu raison de nous, on cherche encore un point à nuancer, mais ce serait légèrement malvenu tant l’authenticité charismatique du «musicien d’Israël» a convaincu. L’artiste arrive ainsi à s’émanciper des étiquettes qui pouvaient lui coller à la peau et poursuit singulièrement son voyage temporel et introspectif.