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Crédit photo : Nick Helderman
Suuns se révèle depuis quelques années comme l’un des groupes les plus fascinants de sa génération. Avec la sortie de Hold/Still, Ben Shemie et sa bande ne transigent pas et poursuivent leur méticuleuse montée suprasensible vers les hauteurs d’un rock progressif pénétrant admirablement vers des altitudes électroniques. Pourtant, le guitariste-chanteur de la formation décrit avant tout Suuns comme un groupe classique de rock.
Un «classic rock band» aux portes de la musique électronique
«On se considère comme un rock band, on est rock ’n’ roll même si on s’est toujours tourné un peu vers la musique électronique.» Sans illusion, Suuns se révèle, selon lui, comme une balance graduelle et tempérée entre l’électronique et le classic rock. «On ne veut surtout pas répéter ce qu’on a fait dans le passé. C’est juste nos goûts et notre expérience en tant que musiciens qui font que ça sort comme ça, ce n’est pas conceptuel.»
Particulièrement emballé à l’idée de lancer la tournée de leur nouvel album chez eux, à Montréal, le groupe se dit satisfait de cet album qui reflète leurs influences actuelles et surtout qui leur permet de se recentrer sur quelque chose de plus personnel après l’aventure avec Jerusalem In My Heart. «Cette collaboration a été très inspirante; c’était extraordinaire, mais on était aussi excité à l’idée de poursuivre notre chemin en revenant à ce qui est l’essence même de notre musique.»
Et c’est à peine un mois après la sortie de l’album Suuns + Jerusalem In My Heart que les quatre musiciens ont pris la direction du Texas pour travailler avec le réalisateur John Congleton afin de concevoir durant trois semaines leur nouvelle production. Cet exil se fera toujours dans la recherche de nouveaux sons, notamment avec Liam O’Neil, qui travaille maintenant avec un drum synthetizer, ou Max Henry, qui «change de claviers tous les trois mois», nous confie Ben.
La performance scénique comme finalité
Dans la continuité de leurs deux premiers albums studio, Hold/Still engage pourtant une réelle mutation où se dégage une «atmosphère de la musique contemporaine qu’on écoute». En voyant l’impact et l’influence que le groupe peut avoir sur le rock, Ben Shemie s’estime touché. «C’est flatteur d’entendre qu’on est progressiste. C’est surtout un challenge pour nous, mais le rock c’est comme le punk, c’est plus une attitude et, si ça résonne chez les autres, tant mieux. On n’a vraiment pas l’idée qu’on fait quelque chose de très original, qu’on est si spéciaux, en tout cas, c’est certainement pas notre point de vue.»
Formation clairement destinée à la scène, cette constatation, et surtout ce nouvel album, ne démentent certainement pas les ambitions live que Suuns affiche. «Oui, nous sommes un band fait pour la scène. Déjà, quand on enregistrait, on fixait un point d’orgue à la performance. Quand on joue, quand on répète, quand on compose, on réfléchit toujours à comment ça sera interprété en live.» Pour le concert de lancement prévu au Cabaret La Tulipe, B. Shemie ne cache pas leurs intentions d’offrir «quelque chose de spécial, que ce soit une expérience». Sans développer de concept, il admet qu’un effort sera fourni pour l’occasion.
Vers un lancement marquant au La Tulipe
Après l’évènement du 20 avril et la mini-tournée québécoise qui s’en suivra, Suuns fera ses valises pour une tournée nord-américaine et surtout pour l’Europe où de nombreuses dates les attendent. «C’est excitant de jouer tous les jours, on se rapproche au fur et à mesure des dates, même si c’est très exigeant physiquement et émotionnellement. En plus, jouer dans les festivals se révèle très inspirant, voir d’autres groupes sur scène c’est stimulant, mais après on n’est pas vraiment capable de composer en tournée.»
Les amateurs de Suuns peuvent se ravir de cette nouvelle offrande, les plus conservateurs apprécieront la continuité avec leurs productions précédentes, avec des titres comme «Translate» qui avait déjà été enregistré pour le premier et le deuxième album, «mais on n’était jamais contents». Ben Shemie considère à ce propos «qu’elle est une réflexion d’où on est, c’est un single qui nous correspond». Pour les plus progressistes, l’intérêt résidera dans l’instrumentalisation globalement électronique de l’album.
Pour l’heure, on ne peut que vous inviter à pousser les portes du Cabaret La Tulipe le 20 avril prochain pour comprendre un peu plus cette aventure énigmatique et cérébrale qu’est Suuns.