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Crédit photo : Danielle Plourde
Alors que les mélomanes étaient toujours en train de faire la queue, le groupe torontois Grounders, qui assurait la première partie, était déjà sur scène pour nous offrir sa pop agrémentée de lignes de synthé rappelant inévitablement les années 80, sans pour autant devenir trop gomme balloune, grâce à un son de batterie assez pesant et des guitares très présentes, juste assez pour enterrer le public volubile. Les membres, qui paraissaient à l’aise sur scène, y sont allés de commentaires amusants ou d’histoires cocasses entre les chansons. Grounders est un jeune groupe qui a encore besoin d’un peu d’expérience, mais qui pourrait certainement surprendre dans quelques années.
Puis The Zolas sont arrivés sur fond de bruit de vagues d’où émergeait la voix éthérée du chanteur Zachary Gray. Et ils ont entamé la soirée avec la très accrocheuse «Molotov Girls», le premier extrait radio de leur plus récent album, Swooner. Bien que la salle n’était pas encore tout à fait réchauffée, le groupe de Vancouver a surpris par son dynamisme, surtout que seulement deux des quatre membres peuvent se déplacer sur la scène. Gray a accueilli ensuite la foule en français, une belle attention qu’il s’excusera de ne pas pouvoir maintenir toute la soirée. Il a plus tard demandé au public d’expliquer si «la Main», c’est dans le sens de principale ou la main, partie du corps (!!!) Qui avait déjà pensé à cette possible confusion? Le dernier passage du groupe en sol montréalais semble avoir été difficile, le chanteur ne cachant pas sa surprise devant la foule conquise.
Alternant leurs nouvelles chansons avec de plus anciennes, le chanteur a montré l’étendue de sa voix, assez basse mais qui réussit à se promener dans les aigus, à tel point qu’on croirait par moments entendre une femme. Cette superbe voix était très maîtrisée, toujours juste, jamais poussée, et les changements de ton se faisaient sans effort. Un talent naturel mis à l’avant, sans utilisation de modulations ou d’autotune. On se demandait alors pourquoi les effets vocaux sont si présents sur le dernier album; le résultat sur scène étant beaucoup plus intéressant.
La salle s’est réchauffée rapidement, au sens propre et figuré, alors que les artistes sur scène étaient trempés et que les spectateurs se sont rapidement débarrassés de leurs manteaux, tuques et foulards. Les chansons pop mélodiques et parfois électro du groupe sonnaient vraiment bien en concert, même celles qui comportent des sonorités house, comme «CV Dazzle», faisant danser le public. La formation a montré qu’elle a de l’expérience et une présence très forte sur scène, sans compter que les musiciens avaient vraiment l’air de s’éclater. Certains titres des opus précédents, plus organiques et rock que ceux de Swooner, ont fait davantage réagir la foule, comme leur succès «Strange Girl», qui a vu les jeunes filles présentes se mettre à sautiller et à crier. C’est vrai aussi que Gray a un charme indéniable. Il nous le prouvera une fois de plus lors du rappel, alors qu’il s’est échappé de la scène pour aller poser son micro au milieu et la foule et, s’accompagnant au clavier, interpréter «Escape Artist» avec ses fans, la finissant a cappella sous des applaudissements sentis.
Si vous avez manqué The Zolas dans le cadre intime du O Patro Vys, ne vous inquiétez pas, ils sont retombés amoureux de Montréal et ont promis de revenir. Vous aurez la chance de les voir, mais fort probablement dans une bien plus grande salle cette fois-ci.
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de la rédaction