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Crédit photo : Maude Touchette (photo live)
Enregistrée au studio B-12 en Estrie, la production de The Season Spell a été entièrement prise sous l’aile de Bellflower. Contrairement à leur premier opus, ce petit dernier a bénéficié de la qualité réconfortante qu’offre un studio d’enregistrement. Mêlant ici le jazz à un blues chaud et tantôt à de l’expérimental résonnant, le groupe, qui se considère d’ailleurs comme un petit orchestre, ne manque pas d’audace. Il serait ingrat de ne pas reconnaître que la formation avait un désir flagrant d’évoluer. Il faut rendre à César ce qui appartient à César.
Dès la première écoute, tout semble s’assembler de façon si habile qu’on nous permet une rencontre toute en douceur et en caresses. Nonobstant cette fluidité remarquable, The Season Spell ne manque pas de complexité et c’est d’ailleurs ce qui rend l’opus intéressant. L’équilibre entre laisser notre esprit s’égarer et se focaliser sur l’analyse est nécessaire à l’appréciation de l’album dans son ensemble. On le comprend d’ailleurs dès la première pièce «A Thousand Miles», qui nous renverse avec son piano rythmé. Les rideaux s’ouvrent et le spectacle commence. L’œuvre peut commencer à nous surprendre; c’est le printemps.
L’enchaînement nous est presque donné à la petite cuillère. En effet, «Cryin’ Shame» nous offre le souffle des cuivres poussé au quart de tour, lequel est jumelé à la voix suave de la chanteuse et compositrice Em Pompa. Accompagnée de huit autres musiciens, elle dirige habilement le petit orchestre.
L’énergie de leur musique ne se perd pas et se renouvelle là où la dernière pièce l’a laissée. Ainsi, c’est à la pièce «Cyclone Waltz» qu’elle atteint son apogée pour mieux se récupérer. Cette mélodie est particulièrement déstabilisante. Une cloche à vache et un synthétiseur animés nous transportent dans un état d’urgence stimulant plusieurs sens à la fois. Puis elle est suivie par le morceau naïf «For Now», qui nous adoucit tel un soir d’automne adolescent.
Les mélodies s’enchaînent, créant tranquillement une histoire à raconter. La septième pièce de l’album, «Hunter», nous offre quelques frissons ici et là, nous donnant l’impression d’une vague sans fin. Les voix d’Em Pompa et de Kathryn Samman s’unissent et s’accordent l’une à l’autre pour créer une symbiose inébranlable; c’est l’harmonie, c’est l’été.
La dernière chanson de l’album, «Sign», crie à une solitude envahissante. La tonalité brute de la voix de la chanteuse permet une introspection capable presque de nous faire vivre un rêve éveillé. Puissante, l’émotion rattachée à cette pièce est palpable et s’en défaire laisserait une cicatrice profonde. Il faut la vivre jusqu’à la fin, c’est l’hiver.
La conclusion de l’histoire se termine avec une ouverture donnant sur l’éminence d’un nouveau départ. Le cycle se termine, mais semble infini. The Season Spell soulage et intrigue juste assez pour en demander davantage, sans toutefois nous laisser sur notre appétit.
L'avis
de la rédaction