CinémaEntrevues
Crédit photo : © Metafilms et www.berlinale.de
C’est sans jugement ni préjugés que le comédien a abordé la composition du personnage de Boris Malinosky: le changement est une partie intégrante du film, et à ce niveau, l’acteur est très sensible à cela. «À chaque fois qu’un acteur est devant un personnage qui part d’un point A, et qui vit des choses qui le transforment pour arriver ailleurs à un point B, il y a toujours une courbe de personnages qui est intéressante à jouer. […] Je me suis quand même relié au personnage de cette façon-là, mais sans jamais me préoccuper d’essayer de le rendre aimable, parce que ce n’était pas le propos non plus. Ce n’était pas d’essayer de racheter aux yeux d’un public un personnage.»
Quant aux spectres qu’offrent les personnages et leurs spécificités, le comédien est emballé et parle avec grand intérêt de son amour du métier. «La chose la plus humaine qu’on porte en nous c’est la fragilité et la vulnérabilité, c’est ce qui nous relit les uns aux autres. Ce n’est pas la force, la puissance, l’arrogance, la méfiance; c’est la fragilité, c’est universel. Quand on voit les personnages à l’écran dont on peut sentir même derrière leurs carapaces qu’il y a une vulnérabilité et une fragilité, il y a quelque chose qui se passe […] on s’y sent relié avec nos propres fragilités, on devient plus humain et […] plus proche de l’amour, et ça, c’est merveilleux.»
Très lucide par rapport au travail d’acteur, James Hyndman ne cache pas qu’il faut avoir certaines blessures et fêlures, qui nécessitent la volonté de leur trouver un sens, mais également qu’il faut avoir «un manque narcissique à combler, un besoin d’être vu et d’être reconnu qui doit être puissant, parce que sinon tu ne traverses pas ce que tu as à traverser, parce que sinon tu ne bondis pas de la loge un soir de première devant 1000 personnes, pour défendre seul une pièce sur scène, ou pour aller devant une caméra.»
L’expérience et la maturité font leur chemin et ces réflexes nécessaires en début de carrière, finissent par s’éteindre, pour laisser tout naturellement place à autre chose: «Au début, c’est ça qui te pousse, et plus tu mûris, plus tu vieillis, arrive ce qu’on appelle en anglais le «craft». Tu es moins intéressé à parler de toi qu’à essayer de donner vie à des personnages étrangers à toi, et ça, ça devient une aventure intéressante.»
Avec ses différents projets, je me suis demandé s’il allait se laisser un jour la possibilité de se tourner vers d’autres sphères de la création, comme l’écriture ou la réalisation. Ce à quoi il répond: «L’écriture, oui. J’ai commencé à écrire par la bande. Parce que je suis devenu chroniqueur, mais avec des textes qui sont quand même plus littéraires, mais pour une revue sportive, Tennis Mag. Depuis quelques éditions, je suis chroniqueur pour eux. […] Mais c’est vrai que j’ai envie de faire d’autres choses, j’ai envie de travailler un scénario aussi que j’ai en tête depuis un moment. Il y a toutes sortes d’envies qui me traversent.»
À cela, j’ai tout de suite pensé à Serge Daney, célèbre critique de cinéma connu pour avoir signé de très beaux textes sur le tennis. Ou encore, petit clin d’œil à Benoît Dumais, le personnage que James Hyndman a incarné dans Rumeurs (2002-2008), la série d’Isabelle Langlois. Un passionné de cinéma qui écrit des textes littéraires sur le tennis: à croire que la fiction met un pas dans la réalité!
Pour terminer, une petite note sur le cinéma, sur laquelle je ne le contredirai pas: «C’est vrai qu’il y a quelque chose qui est assez mythologique dans le cinéma, même pour un acteur, tu le sais quand tu tournes un film […], c’est vrai que c’est particulier. Il n’y a rien comme le cinéma.»
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Par © Metafilms et www.berlinale.de