Théâtre
Crédit photo : Jean-Francois Gratton - Communication et Cie
L’apparente absurdité de la vie et de la condition humaine était un thème cher à la pensée existentialiste des Sartre et Camus, pourtant, Beckett n’a jamais revendiqué cette filiation: «Je ne suis pas un philosophe, je ne lis jamais les philosophes; je ne comprends rien à ce qu’ils écrivent».
Visionnaire et extravagante, la pièce n’en critique par moins l’absurdité de l’homme, et fait partie de cette avant-garde théâtrale parisienne des années 1950. Maintes et maintes fois jouées, ce n’est certes plus sur le texte original que nos attentes persistent, mais bien sûr sur la mise en scène, qui se doit d’être talentueuse et lumineuse.
Vingt-six ans après la version d’André Brassard, c’est le bien connu François Girard qui s’y colle, lui qui a déjà mis en scène Kafka ou Baricco notamment. Avec Benoît Brière et Alexis Martin dans les rôles d’Estragon et Vladimir, les deux vagabonds de Beckett qui se retrouvent sur cette «route de campagne avec arbre», Girard propose une version épurée de cette histoire de rendez-vous manqué mais distrayant, jouant avec le temps, entre incertitude et confusion.
Pièce à l’infini rayonnement, à la fois philosophique, comique, politique, métaphysique et burlesque, En attendant Godot a le mérite de faire rire du début à la fin. Aussi, François Girard, avec le soutien de Lorraine Pintal, la directrice artistique et générale du TNM, nous invite sans naïveté à nous laisser emporter par la générosité et l’humanisme d’une oeuvre tragique au juste dépouillement.